samedi 22 octobre 2022

Paracelse

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Paracelsus (Paracelse) de George-Wilhelm Pabst (1943)


En Suisse, au début du 16ème siècle, le médecin Paracelse n’est pas reconnu par ses pairs qui le considèrent comme un charlatan, alors qu’il guérit ceux pour qui la « médecine officielle » est impuissante. Ainsi, Paracelse intervient juste à temps pour empêcher les « docteurs » d’amputer l’imprimeur Frolen qu’il guérit.

Après ce coup d’éclat, le bourgmestre Pfefferkom le nomme médecin de la ville, mais s’en repend aussitôt quand Paracelse fait fermer les portes pour empêcher la peste d’entrer.

Or, Pfefferkom attend des marchandises précieuses dont du bois de Gaïac aux vertus prétendument thérapeutiques contre la gale et la peste. Il réussit à faire entrer ces marchandises en fraude, mais elles sont saisies et Paracelse les fait brûler. Dans le chargement, il y a également, caché, un bateleur que tout le monde connaît sous le nom de Fliegenbein (Pattes de mouche).

Comme Les Comédiens, Paracelse est considéré comme un des films « maudits » de Pabst : il marque un retour absolument incompréhensible [1]dans l’Allemagne nazie qu’il avait quitté dix ans plus tôt, comme beaucoup de ses compatriotes. Et on a commencé à chercher les traces d’une compromission avec le régime dans le contenu même des deux films.

Naturellement, on n’a pas eu à chercher longtemps, car les deux sujets exaltent l’esprit du sacrifice à la nation et au bonheur collectif au détriment des destinées individuelles, thèmes récurrents dans le cinéma allemand des années noires.

L’homme seul, mais soutenu par le peuple qui lutte pour le progrès, contre l’obscurantisme, les compromissions, le mercantilisme des édiles de l’ordre ancien, ne pouvait que se confondre avec l’idéologie toute puissante qui se targuait d’une pureté virginale, mais avait engendré ce régime totalement gangrené. Cet homme était censé leur rappeler quelqu’un…

Le film est ennuyeux et bavard et il véhicule une morale plus viciée encore que les miasmes pestilentiels que Paracelse empêche d’entrer dans la ville. Mais…

Mais si l’on fait abstraction du contenu (ce qui, j’en conviens n’est pas très facile !), Paracelse est un chef d’œuvre esthétique. Chaque plan semble un hommage aux Brueghel et on reste ébloui par les deux scènes les plus brillantes : la marche des flagellants dans la ville et, surtout, la danse de Fliegenbein entraînant les villageois dans une ronde hystérique, scène dont David Stewart Hull disait qu’elle était « la meilleure séquence de tous les films parlants de Pabst ».



[1] En réalité, renseignement pris, Pabst est retourné en Autriche pour voir sa mère avant de partir pour les États-Unis en 1939. Il avait un passeport français et comme la guerre a été déclaré entretemps, il est resté coincé dans « le grand Reich »

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