Tinker, Tailor, Soldier, Spy (La Taupe) de Thomas Alfredson (2011)
En cette année 1973, tout en haut de la hiérarchie du MI6, il y a le cirque et le cirque, c’est six personnes : le directeur Control, son fidèle lieutenant Smiley, Percy Allemine, Easterhaze, Roy Bland et Bill Haydon. Et Control vient d’apprendre que l’un de ces cinq agents est une taupe, un espion du K.G.B. infiltré au MI6.
A la suite de l’échec, d’une mission en Hongrie, Control est mis à la retraite et Smiley sur la touche, alors que l’ambitieux Allemine prend le MI6 en main.
Smiley, lui, a pour mission de trouver la Taupe.
Les livres de John Le Carré ont tendance à « perdre » un peu le lecteur. Mais avec un livre, on peut relire, revenir en arrière, vérifier, etc…
C’est pourquoi les adaptations des livres de John Le Carré devraient être vues en vidéo plutôt qu’en salle : si on rate un plan, une phrase de dialogue, on est largué !
On est même souvent largué, sans avoir rien raté, car il est plus que probable que c’est fait pour ça !
Au début tout va bien, on est fier, on a tout compris. Et puis, vers le milieu, la machine se grippe et là… pof ! On ne sait plus comment on s’appelle…
Et puis, ça revient, et puis on « re-comprend », et puis les pièces du puzzle s’emboîtent, et puis on se dit qu’on est vachement intelligent.
Ça se passe exactement comme ça pour La Taupe. Ça a l’air simple, ça s’embrouille, ça se débrouille.
Sans avoir les nombreuses qualités du chef d’œuvre de John Huston, La Lettre du Kremlin, qui, certes, était adapté de Noel Behm et non de John Le Carré et traitait d’un sujet différent, mais présentait des similitudes avec le présent film, celui-ci se tient plutôt bien.
On peut aussi le rapprocher (et c’est encore plus évident) avec le film de Martin Ritt L’Espion qui venait du froid où il était également question de manipulation d’agents, de guerre psychologique et de taupe volatile. Et celui-ci était l’adaptation du plus célèbre roman de John Le Carré.
Aux antipodes de James Bond (et c’est la spécificité des romans d’espionnage de John Le Carré), nous sommes ici au cœur d’un système cynique et sans pitié où, sans doute par déformation professionnelle, tout le monde soupçonne tout le monde et tout le monde a raison puisque tout le monde trahit tout le monde. C’est la pure définition de ce qu’on appelle communément un panier de crabes.
Et stylistiquement, le film d’Alfredson remplit le cahier des charges : pas de sentiment, aucune chaleur, froideur des personnages, froideur de la photographie et des couleurs.
Froideur des personnages également avec des comédiens d’exception : John Hurt, Gary Oldman, Mark Strong, Toby Jones, Ciarán Hinds, Colin Firth et, le moins connu, David Dencik.
N’oublions pas de citer Benedict Cumberbatch dans le rôle du fidèle Peter Guillam : il est Sherlock (un Holmes version contemporaine), série télé que l’on peut voir depuis quelques années et qui a beaucoup de succès.
Certaines « énigmes » du scénario ne sont pas « résolues », mais ça semble faire partie du jeu dans cet excellent film à qui on ne peut même pas reprocher de ne pas provoquer la passion, puisque c’est la règle ici, même si ça manque un peu tout de même.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire