vendredi 21 octobre 2022

Bons baisers à lundi

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Bons baisers à lundi (1974) de Michel Audiard

Henri-Pierre, minable petit gangster, a mis au point un hold-up : il s’agit de faire irruption chez Frankie Strong, producteur de disques qui est censé recevoir ce vendredi soir, la fine fleur de la diplomatie. Henri-Pierre est accompagné de ses deux complices, encore plus minables que lui, Bob et Dimitri.

Malheureusement pour eux, la « partouze berbère » comme l’appelle Frankie, a lieu à l’étage en-dessous et, chez Frankie, en dehors de lui-même, il n’y a que sa femme Myrette, son secrétaire Edouard-Albert, sa bonne Conception et sa « future vedette » Zaza.

Ils n’ont plus qu’à attendre l’ouverture des banques le lundi pour toucher un chèque qu’ils ont soutiré à Frankie.

Alors qu’il était le dialoguiste attitré des dernières années de Jean Gabin, celui que ce vieux con appelait « le petit cycliste » était vilipendé de façon excessive et quelque peu hystérique par les neuneus de la nouvelle vague.

Quelques années plus tard, il réalise ses propres films et tout ce qui se pense intellectuel dans notre beau pays se croit obligé de lui tomber dessus à bras raccourci.

Pourtant, ses premiers films manient adroitement humour noir, non-sense, répliques cultes (Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages, Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais elle cause…)

Mais il ne va pas tarder à repartir dans ses travers « gabinesques » : bons mots gratuits, idéologie gluante de boutiquier, pseudo-anarchie de droite très payante, bref tout ce qui faisait les limites de ce faux trublion qui vouait un véritable culte à Céline.

Et ses films vont aller en périclitant.

Bons baisers à lundi fait indéniablement partie de la pente descendante. C’est plutôt bien joué par la fine fleur « audiardienne » (Blier, Carmet, David, Buyle…) et rehaussé par quelques acteurs inhabituels chez Audiard (Pacôme, Bouquet et Guiomar), mais là-dedans tout est poussif, assez mal ficelé et même (le comble !) mal dialogué.

Ce film fait partie des derniers qu’il réalisa.

Il fait dire à Blier, s’adressant à Carmet : « Vous êtes en retard d’une révolution ! ». On peut dire que ce pauvre Audiard, avec son idéologie célinienne et son discours poujadiste, était en retard de pas mal de sociétés.

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