lundi 24 octobre 2022

Il Boom

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Il Boom (1963) de Vittorio de Sica

Giovanni Alberti est marié à Silvia. Née dans une famille de la haute bourgeoisie romaine, elle a de gros besoins en bijoux, en fourrure et autres produits de haute couture.

Giovanni est, lui, issu d’un milieu modeste. Et pour gagner de quoi entretenir son épouse, il essaie de « se lancer dans les affaires ».

En fait, il se contente de s’endetter à la poursuite de la bonne affaire et pratique ce qu’on appelle « la cavalerie » emprunter à A, puis à B pour rembourser A, puis à C pour rembourser B, etc…

Mais tout ça, en général, finit mal… Et Giovanni va être obligé d’accepter l’offre de madame Bausetti dont le mari a un œil de verre : céder un de ses yeux contre une fortune.

En 1963, le néoréalisme est mort, officiellement, depuis sept ans. Historiquement, les actes de naissance et de décès de cette grande vague cinématographique si riche et si prolifique sont 1942 avec Ossessione de Luchino Visconti et 1956 avec Il Tetto

Mais dans les comédies italiennes, l’héritage est (encore) là. Certaines comédies retrouvent l’ambiance de Le Ragazze di San Frediano ou de Domenica d’agosto : il suffit de revoir Le Pigeon, joyau de la comédie italienne, mais aussi héritier du néoréalisme.

Il Boom est un film de Vittorio de Sica, réalisateur de deux « porte-drapeaux » du néoréalisme, Le Voleur de bicyclette et Umberto D.

Et cette fois-ci, le néoréalisme est bien mort. Nous ne sommes plus dans le peuple, mais dans le milieu assez répugnant (et présenté comme tel !) de la bourgeoisie d’affaire romaine : des pantins nés riches qui magouillent pour le rester et, surtout, pour profiter du « Boom » des affaires un « Boom » tellement à la mode qu’on va lui « rendre hommage » en baptisant un cocktail à la mode de son nom.

Et cette bourgeoisie est toujours prête à tendre la main à l’un des siens pour le renflouer. Mais Giovanni n’est qu’un arriviste, issu d’un milieu modeste.

Giovanni est, tout naturellement, interprété par Alberto Sordi, titulaire des rôles de romains hâbleurs, un peu stupides et, surtout, lâches, totalement asservi à l’argent.

On peut, d’ailleurs, reprocher au film de faire la part belle à ce milieu en « tapant » sur son malheureux (contre-)héros. Et on ne sent à aucun moment une critique vis-à-vis du milieu huppé, symbolisé par ce mélange de dindes et de morues, une sale gosse de riche que le malheureux Giovanni a épousé, tout simplement parce qu’il était amoureux.

Giovanni va reconquérir sa fortune et va pouvoir la jeter avec mépris à la tête des fantoches qui l’ont rejeté. Malheureusement, la scène est aussi maladroite que le personnage.

Et cette vengeance « gli costarà un occhio ». Lorsqu’on dépense une fortune pour quelque chose en France, on dit que cette chose vous a coûté un bras. En Italie, ça vous coûte un œil…

Et c’est très exactement ce que cette fortune va coûter au malheureux Giovanni puisqu’une vieille femme va lui offrir la fortune dont il a besoin contre… son œil.

Effectivement, le symbole est un peu lourd en italien, mais il est tout de même efficace.

Toutefois, cette seule incursion de De Sica dans l’univers de la comédie italienne est tout de même un peu pâlichonne au niveau de « l’acidité », bien moins corrosive que, par exemple, certains films de Monicelli, de Risi ou de Germi comme Divorce à l’italienne et, surtout, Ces messieurs-dames qui obtiendra la Palme d’or à Cannes en 1966 (ex-aequo avec une grosse daube au titre assez voisin, Un homme et une femme).

Evidemment, le film de De Sica n’atteint pas l’habileté de dénonciation qu’on trouve dans ces films, mais ça se laisse regarder quand même.

La fable des riches qui peuvent acheter l’œil d’un pauvre est présentée de façon un peu épaisse qui va la maintenir dans son statut de… fable.

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