samedi 15 octobre 2022

Le Passé

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Le Passé (2013) d’Asghar Farhadi

 Ahmad arrive à Paris de Téhéran. Marie, sa future ex-épouse, est venue le chercher à l’aéroport.

Ahmad vient précisément pour signer les papiers du divorce à la demande de Marie qui voudrait se remarier avec Samir. En fait, l’Iranien se retrouve au milieu d’une véritable guerre qui oppose Marie et sa fille Lucie, très attachée à Ahmad et très opposée au remariage de sa mère à Samir.

De plus, Samir est marié à une femme qui est dans le coma après une tentative de suicide. Et on ne sait pas si cette tentative est due à l’état dépressif de la jeune femme ou à la liaison de Samir et Marie.

La révélation d’Asghar Farhadi en France date de 2009. Comme tout le monde, j’avais beaucoup aimé Une Séparation sans y mettre toutefois l’enthousiasme quasi-hystérique qui avait gagné à la fois les critiques et le public.

J’avais aimé, sans plus, La Fête du feu.

La vraie révélation, pour moi, ce fut les remarquables Enfants de Belle-Ville sorti en France l’année dernière, mais qui était, en réalité, une réalisation de 2004 et le deuxième film de Farhadi.

En ce qui concerne Le Passé, je suis, certes, du côté de ceux qui ont aimé, mais avec quelques réserves, cependant.

Tout d’abord, le drame familial avec un tout petit mystère qui déclenche tout tel que Farhadi l’avait pratiqué dans ses précédents films semble souffrir à l’exportation.

Et son principal problème, c’est… la distribution !

Une fois n’est pas coutume, nous passerons rapidement sur les « prix d’excellence » : Ali Mosaffa est Ahmad, l’ex-mari doux, calme, aimé de tous et particulièrement des deux enfants. Elyas Agnis est Farad, le petit garçon de  Samir balloté par son père entre sa mère mourante et celle qui va la remplacer, ce que tout le monde lui rabâche : dans la scène du métro, il ne dit pas un mot et il est bouleversant.

Enfin, il y a Pauline Berlet : j’ai rarement vu une jeune comédienne se tirer aussi bien d’un rôle d’adolescente, rôle aussi ingrat que l’âge qu’il est censé représenter. Elle est, pour moi, le vrai prix d’interprétation du film : elle était déjà fabuleuse du haut de ses huit ans dans le rôle de la petite Edith Piaf enfant dans le médiocre biopic d’Olivier Dahan.

Pourtant, c’est Bérénice Bejo qui a obtenu le prix d’interprétation à Cannes. Soyons clair : ce prix est quand même assez mérité, même si on peut se demander si on ne voulait pas en le lui donnant prolonger un peu l’hystérie collective autour de The Artist, petit film largement surestimé.

Ici, l’actrice se défend très bien, mais peut-être TROP bien : son jeu donne, par moments, l’impression d’être excessif, désordonné, hystérique. Mais, au bout du compte, n’est-ce pas, tout simplement, à cause du contraste face au calme du remarquable Ali Mossafa et à l’apathie du médiocre Tahar Rahim ? Ce jeune comédien parfaitement quelconque fait, depuis ses débuts dans le très surestimé Prophète de Jacques Audiard, l’objet d’une admiration tout à fait excessive. Dans la scène du métro déjà mentionnée, c’est le jeune Elyas Agnis, son fils dans le film, qui lui sauve la mise.

Cette erreur de casting et une dernière demi-heure pleine de coups de théâtre à tiroirs s’enchaînant peut-être un peu trop sont les pierres d’achoppement de ce film plutôt bon au demeurant.

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