lundi 25 avril 2022

La Belle saison

 

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La Belle saison (2015) de Catherine Corsini

Delphine quitte sa Creuse natale pour monter à Paris. Nous sommes en 1971 et les mouvements féministes (le M.L.F. surtout) commence à devenir très militants.

Delphine, qui est lesbienne, fait la connaissance de Carole qui ne l’est pas.

Mais leur grande amitié, qui les rend inséparables, ne tarde pas à basculer en une brûlante histoire d’amour.

Carole quitte Manuel son compagnon.

Mais comme son père vient de faire un infarctus, Delphine est obligée de retourner dans la Creuse pour aider sa mère Monique à la ferme.

N’y tenant plus, Carole ne tarde pas à la rejoindre.

Il y a 45 ans, il n’y avait pas de mariage pour tous et les femmes n’avaient même pas le droit d’avorter.

Et Catherine Corsini ne filme pas, comme en 2015, une situation de 1971, mais elle se glisse parfaitement dans les mentalités d’époque.

Delphine est homosexuelle et elle sait que, pour vivre heureuse, elle doit vivre cachée, donc dans une grande ville.

L’attitude de Carole nous montre bien que c’est moins une question de temps (1971 contre 2015) qu’une question d’environnement (Paris contre Limousin) à cette réserve près que notre époque, sans avoir aboli complètement les distances et les différences de milieux les a quelque peu estompées.

Catherine Corsini filme très classiquement, mais sans aucun académisme. L’histoire est très linéaire, car elle joue avant tout sur la vraisemblance : Carole fonce tête baissée, très, non pas bobo, mais baba (à l’époque), Delphine a peur du qu’en-dira-t-on et Monique ne peut pas comprendre.

La réalisatrice, en fait, mise tout sur ses interprètes et sa réussite lui donne raison. Il faut dire qu’à ce niveau, elle a mis les atouts de son côté.

Aucune surprise en ce qui concerne Cécile de France et l’immense Noémie Lvovsky qui seraient dans l’impossibilité totale l’une comme l’autre d’être médiocres.

Izia Higelin en est à son quatrième film, mais ici, elle explose.

Et nous avons, du coup, un trio d’actrices, assez exceptionnel qui tienne le film avec autant de maestria que leur réalisatrice.

Bon, il est vrai que les scènes de sexe sont peut-être un poil (si je puis dire !) trop longues.

Mais les trois personnages sont aussi attachants que leurs interprètes. J’avoue avoir un tout petit peu moins adhéré au personnage de Carole, écervelée, enfant gâtée, pulvérisant la vie des autres, alors qu’au bout du compte, elle-même ne risque pas grand-chose.

Delphine et Monique, elles, risquent beaucoup plus. Et, une fois de plus, Catherine Corsini sait installer, sinon un certain malaise, tout au moins un certain inconfort, comme dans cette scène où Carole fait danser Monique.

Je n’oubliera certainement pas Kevin Azaïs et Benjamin Bellecour dans les rôles d’Antoine et de Manuel, les deux hommes délaissées par les deux amantes, alibi pour le premier, compagnon délaissé pour le deuxième, sans oublier le troisième homme (puisqu’il y a trois femmes) Jean-Henri Compère dans le rôle du père de Delphine dans ce qu’il y a de plus dur à faire, un rôle peu bavard qui deviendra complètement muet après son attaque.

La Belle saison est un des meilleurs films de l’année.

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