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Ma Loute (2016) de Bruno Dumont
Alors que l’inspecteur Machin, flanqué de l’agent Malfoy, enquête sur de mystérieuses disparitions, André Van Peteghem revient, comme tous les étés, dans sa maison de la baie de la Slack dans le nord de la France.
En ce bel été 1910, il arrive flanqué, comme d’habitude, de son épouse (qui est aussi sa cousine), Isabelle, de leurs deux filles et de Billy, la fille d’Aude, elle-même sœur d’André.
Proche de leur belle villa, vivent les Burfort, une famille de pêcheurs dont le fils aîné, Ma Loute, va tomber amoureux de Billy, alors qu’Aude arrive à la villa.
Bruno Dumont, réalisateur aussi loufoque que le regretté Robert Bresson, a, depuis quelques temps des velléités d’auteur comique.
Certaines personnes sont incapables de cuisiner une omelette, de danser la polka ou de chanter du Vincent Scotto. Et certains réalisateurs sont dans l’impossibilité de tourner des péplums, des films de guerre ou des comédies musicales. Dumont ne doit pas avoir beaucoup d’humour et comme il veut, quand même, faire des comédies, il se tourne vers le slapstick, du moins, il essaie. Lorsqu’il montre un duo improbable de flics dont l’inspecteur obèse se nomme Alfred Machin[1], un personnage qui fait un bruit de polystyrène lorsqu’il se déplace et lorsqu’il tombe (et c’est très souvent !), là, Dumont est plutôt bon.
Mais lorsqu’il nous refait le coup du très surestimé P’tit Quinquin dans du pseudo-comique foutraque qui permet de faire rigoureusement n’importe quoi, là, ça ne marche plus.
Pour se faire aider dans cette entreprise douteuse, il s’adjoint les services de Juliette Binoche et de Fabrice Luchini.
Ce dernier a, paraît-il, beaucoup souffert. Dumont le fait marcher comme Aldo Maccione et, du coup, il semble subir les affres d’un lumbago pendant tout le film.
Quant à Juliette Binoche, elle est simplement grotesque.
Seule Valeria Bruni-Tedeschi est un peu plus mesurée et réussit, elle, du coup, à être drôle quelquefois.
Le reste de la distribution fait ce qu’on lui dit de faire et ce n’est pas bon. Donc, bien sûr, on s’ennuie ferme, mais il y a un autre problème : car, bien évidemment on pense à… la banderole, celle du match Lens-PSG en mars 2008 : « Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Cht’is ! »
Alors ici, c’est vrai, les Cht’is ne sont ni chômeurs, ni pédophiles (mais ils pourraient l’être !) ; en revanche, ils sont franchement consanguins, les bourgeois parce que c’est dit, les prolos parce qu’on s’en doute. Et, de ce fait, ils sont tous lourdement tarés.
Alors que Bruno Dumont a toujours eu l’image du chantre de la région qu’on appelle « Hauts de France », on se demande, du coup, si Xavier Bertrand, le président de ladite région, ne devrait pas l’attaquer en diffamation, car on est quand même au-delà des poncifs les plus crasseux : le coup des cannibales du nord, même les pires racistes parmi les connards de footeux ne nous l’avaient pas fait ! Et les plans sublimes de la baie de la Slack que nous donne le film, ne parviennent pas, et de loin, à dissiper le malaise qu’on ressent.
Et on finit, par dérision, à repenser à notre regretté Michel Galabru et sa fameuse réplique : « Tu m’as demandé mon petit ? C’est le Nôôôôôrd ! »
[1] nom bien oublié de celui qui fut le premier réalisateur animalier du monde, natif de Blendecques, département du Pas-de-Calais
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