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Le Streghe (Les Sorcières) de Luchino Visconti, Mauro Bolognini, Pier Paolo Pasolini, Franco Rossi, Vittorio de Sica (1966)
La Strega bruciata viva Une star internationale fait une escapade pour se rendre chez sa meilleure amie qui fête ses dix ans de mariage à Kitzbühel. Elle éblouit tout le monde, mais elle se sent seule, abandonnée, esclave d’un métier (le cinéma) qu’elle ne supporte plus face à son mari producteur qui ne comprend pas qu’elle mette tous ses espoirs de liberté dans l’enfant qu’elle attend.
Senso Civico Un homme blessé sur la voie publique, doit être emmené à l’hôpital. Une femme propose de l’y accompagner et fonce à travers les rues de Rome. En fait, elle va juste rejoindre son amant et abandonne le blessé à son sort.
La Terra vista dalla luna Un veuf, accompagné de son fils, se cherche une nouvelle épouse. Après quelques tentatives infructueuses de « fiançailles », il trouve une jeune femme sourde-muette, aux cheveux verts et, semble-t-il, aux pouvoirs extraordinaires.
La Siciliana Une jeune Sicilienne se sentant abandonnée par un jeune homme à qui elle n’a jamais parlé, le dénonce à son père. Le père tue le jeune homme, le frère du jeune homme tue le père, le cousin du père tue le frère, etc…
Una serata come le altre Une Italienne mariée à un Américain se sent délaissée par un mari toujours fatigué. D’un naturel effacé, elle se rêve dominatrice et secouant son mari amorphe.
Comme tous les films à sketches, principalement les films à plusieurs réalisateurs, Le Streghe est un film inégal.
Il comporte cinq sketches : un superbe conte (La Terra vista dalla luna de Pasolini), un gag d’une efficacité redoutable (La Siciliana de Franco Rossi), un drame psychologique efficace, mais quelque peu languissant (La Strega bruciata viva de Visconti), un court métrage peu inspiré (Senso civico de Bolognini) et une « comédie psychologique » effroyablement longue et poussive (Una serata comme le altre de De Sica).
Silvana Mangano traverse majestueusement tous les sketches, puisque le film a été voulu par son mari, le producteur Dino de Laurentiis, à la gloire exclusive de la star italienne.
A priori, le Visconti est le plus clinquant, mais il a bien mal vieilli et cette pauvre star « incomprise » n’attire qu’une vague sympathie goguenarde et discrète.
Le Bolognini, en fait de sketch court, est plutôt une escroquerie (comme beaucoup de courts métrages).
Le chef d’œuvre, c’est le Pasolini. L’histoire est charmante et drôle et le trio vedette (Mangano, Totò et Davoli) sert merveilleusement cette si jolie fable dont la morale qui nous est servie à la fin est, en soi, un chef d’œuvre : « Moralité : être vivant, être mort, c’est la même chose ».
Le Rossi est une vraie découverte, un bijou qui ne dure pas cinq minutes, une vraie leçon de cinéma.
Quant à De Sica, le respect dû au réalisateur de Sciuscia et d’Umberto D nous oblige à une amnésie pudique concernant Una serata come le altre.
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