The Beguiled (Les Proies) de Don Siegel (1971)
En plein territoire sudiste, John Mc Burney, surnommé Mc B., se réfugie dans un pensionnat de jeunes filles. Il est caporal de l’armée de l’Union (Yankee) et il est gravement blessé.
La directrice de l’institution, Martha Farnworth, est une vieille fille confite en dévotion, cherchant à expier le seul amour de sa vie, sa liaison avec son propre frère. Elle est secondée par Edwina. Les deux femmes, ainsi qu’une de leurs élèves, parfaite garce et fausse ingénue vont s’intéresser de trop près à leur « beau » prisonnier.
Quant à lui, il courtise chacune des trois, leur promettant le mariage, l’amour éternel et Dieu sait quoi d’autre. Bref, il joue le jeu. Un jeu dangereux… pour lui.
Par son sujet, le roman de Thomas Cullinan est à la fois fascinant pour les Américains et relativement rare.
La guerre de sécession est, avec les guerres indiennes, la seule guerre dans laquelle les États-Unis ont été belligérants sur leur propre territoire.
Et comme tout roman se situant dans le sud pendant la guerre en question, on pense à LA référence qui n’est pas un chef d’œuvre de la littérature américaine, mais un livre-culte.
Et un film-culte. Dans ce film, un soldat yankee rentre dans une maison sudiste, Tara, avant d’être tué par l’héroïne, Scarlett O'Hara.
Le déserteur yankee ici n’est pas tué… enfin pas tout de suite.
Il va juste avoir le temps de tourner les têtes de toutes les donzelles présentes dans le gynécée que représente ce pensionnat de jeunes filles : quelques adolescentes dirigées par deux vieilles filles, c’est une bombe à neutrons hormonaux qui explose, surtout en présence d’un beau mâle qui est prêt à jouer à fond la carte de ses testostérones, jeu qu’il maîtrise apparemment très bien d’ailleurs.
En 1971, Clint Eastwood avait 40 ans. Il avait déjà ce « regard marmoréen » et cette moue significative que j’ai beaucoup de mal à supporter et que j’ai baptisée, depuis longtemps « syndrome Joseph Cotten » ou, pour être plus clair, « syndrome couche qui fuit » que la pub appelle finement « le moment Oups ! ».
Les femmes, en revanche, portent le film avec panache, tout particulièrement l’ingénue perverse Carol (Jo-Ann Harris) et la vieille fille « so romantic ! » Edwina (Elizabeth Hartman). Mais celle qui emporte tout, c’est, bien sûr, Geraldine Page qui est bluffante dans son numéro « d’hystérique froide » totalement manipulatrice.
Il faut dire que j’ai revu ce film alors que je sortais du cinéma après avoir vu le remake de Sofia Coppola.
Bien entendu, le film de Siegel, à côté, fait figure de chef d’œuvre !
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