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Midnight in Paris (Minuit à Paris) de Woody Allen (2011)
Gil est fiancé à Iñez, fille de bourgeois américains, John et Helen, républicains tendance « Tea Party ». Tout ce beau monde se trouve à Paris, juste avant le mariage de Gil et Inez.
Alors qu’Inez, donzelle gâtée et autoritaire, fait les magasins avec sa mère ou quelques sorties « cultureuses » avec son ex, Paul, un fat cuistre, spécialiste de Monet, de vins, de Rodin et… d’à peu près tout, Gil est tombé amoureux de Paris et rêve d’y vivre. Mais « son » Paris, c’est le Paris « sous la pluie » et, pour lui, idyllique des années folles.
Un soir, il se perd dans Paris et voit passer une voiture, précisément des années 20, dont les occupants le font monter.
Il se retrouve ainsi dans une soirée où il va rencontrer Scott et Zelda Fitzgerald, Cole Porter, Ernest Hemingway et Juan Belmonte. Puis, il va également rencontrer Gertrude Stein, T.S. Eliot, Salvador Dali, Luis Buñuel, Man Ray et Matisse, ainsi que Pablo Picasso et sa compagne du moment, Adriana, dont il va tomber amoureux.
17 novembre 2011
Parmi les choses que je déteste (et il y en a quelques unes), il y a la cuistrerie américaine profrançaise : certains Américains ont, c’est vrai, une culture de notre beau pays que la plupart de nos compatriotes n’ont pas et les Américains que j’ai connus, tant en France qu’en Italie, étaient plus français que les Français et plus italiens que les Italiens. Mais voir débarquer ces hâbleurs pseudo intellectuels qui ont eu des lectures souvent stupides et toujours mal digérées qui leur ont appris comment se pavaner devant leurs compatriotes alors qu’ils viennent ici pour la première fois et ne parlent pas un mot de français, ça donne envie de hurler !
L’autre syndrome américain concernant la France, c’est le syndrome « béret-baguette », syndrome qui peut pousser les « cowboys » à s’imaginer que 60 millions de Français habitent sur les bords de la Seine entre le quai de Béthune et le quai Saint Michel, à moins de cinquante mètres de la Tour Eiffel et à deux cents mètres du Sacré Cœur (mais attention, ça monte !).
Woody Allen vit (tout au moins assez souvent) à Paris, mais je ne suis pas un fan de Woody Allen.
Alors, un film de Woody Allen qui se passe à Paris, qui est qualifié de « comédie romantique » (encore une de mes phobies !) et dont l’affiche représente un blondinet ricain marchant décontracté sur les bords de la Seine, face au quai des Grands Augustins, ce film, donc, n’avait, à priori, rien pour me séduire et j’avais soigneusement programmé de NE PAS aller le voir. Et puis, poussé par une bonne douzaine de copains et relations, j’ai fini par céder.
Et je ne l’ai pas regretté ! D’abord parce que le film ne traite pas de « la France vue par les Américains », mais des « Américains à Paris », ce qui n’est pas du tout la même chose. Ensuite parce que Woody Allen fait un portrait grandiose d’une famille américaine, bourge, conne et « Tea Party » type, comme on aime les détester, avec les parents crétins jusqu’à la caricature et la fifille aussi autoritaire que son père et aussi inculte que sa mère.
Mais le pompon, c’est le personnage de Paul, ex de la donzelle (on se demande vraiment pourquoi ces deux-là se sont séparés !) et parfaite représentation de la cuistrerie incarnée : il contredit Gil, notre héros, à propos d’Adriana (mais là, il a des excuses : il ne peut pas savoir que Gil connaît cette jeune femme des années vingt, morte il doit y avoir quelques décennies) et va jusqu’à reprendre la conférencière du musée Rodin en affirmant que Rodin était marié à Camille Claudel et avait une maîtresse prénommée Rose, bref, le contraire de la réalité. D’autant que la conférencière est incarnée par notre « première dame » (que je ne citerai pas) !!!
Et tous mes à priori n’ont pu que tomber, puisque Woody Allen a visiblement les mêmes. Paris, ce n’est pas que Paris sous la pluie, le Paris des années vingt (sublimé par Gil) ou le Paris de Toulouse-Lautrec et Gauguin (sublimé par Adriana).
Il réussit admirablement cette belle démonstration dans un film agréable, qui fait rêver (rencontrer à la fois Gertrude Stein, Picasso, Hemingway, Scott et Zelda Fitzgerald, Cole Porter et je ne sais plus trop qui encore ! ...) et qui fait rire.
Pour tout dire, j’ai tout aimé… même Marion Cotillard qui, avant, avait tendance à me faire le même effet que le syndrome « baguette-béret ». C’est dire !
4 février 2016
Il est souvent périlleux de revoir des films qui vous ont plu il y a très longtemps. Mais ce film vient de m’apprendre que l’avertissement est valable pour des périodes beaucoup plus courtes.
Il y a un peu plus de 5 ans et demi que j’ai vu Minuit à Paris, à sa sortie sur les écrans parisiens et le moins qu’on puisse dire est que j’ai dû sérieusement réviser mon opinion. Je dirais même qu’en fait, je pense exactement le contraire sauf en ce qui concerne le charme de Marion Cotillard qui m’a autant séduit la deuxième fois que la première.
Je vais donc me livrer autant à la critique du film qu’à la critique de MA critique de l’époque
Tout d’abord, nous sommes de plain-pied dans la cuistrerie américaine profrançaise, pourtant « dénoncé » par le réalisateur à travers le personnage de Paul.
Ensuite, il y a bien le syndrome « béret-baguette », car il se passe bien « sur les bords de la Seine entre le quai de Béthune et le quai Saint Michel, à moins de cinquante mètres de la Tour Eiffel et à deux cents mètres du Sacré Cœur », auxquels on peut ajouter la rue de Rivoli.
En revanche, pour quelqu’un qui se pique de vivre à Paris, Woody Allen choisit le restaurant Polidor, très à la mode il est vrai dans les années vingt, comme ayant disparu et remplacé par un Lavomatic, alors que le restaurant existe toujours. Bon, d’accord, c’est un symbole du temps qui a passé, mais il aurait pu trouver autre chose !
Pour ce qui est du portrait « grandiose d’une famille américaine, bourge, conne et « Tea Party » type, comme on aime les détester, avec les parents crétins jusqu’à la caricature et la fifille aussi autoritaire que son père et aussi inculte que sa mère », il n’a rien de grandiose, il n’est que bêtement caricatural, malgré le peu de sympathie que m’inspirent les Américains du parti républicain en général et la tendance « Tea Party » en particulier.
Mais les interprètes de cette famille idiote sont plutôt bons. On ne peut pas en dire autant d’Owen Wilson, très médiocre comédien, qui essaie ici de ressembler à son « director », ce qu’il fait fort mal et sur ordre d’Allen lui-même. Le résultat de la chose, c’est que ça lui donne l’air d’un sombre crétin, crétinisme supposé qu’appuie encore son expression béate et ravie chaque fois qu’il voit arriver une des gloires des années vingt qu’il vénère : « Oh, Scott et Zelda Fitzgerald ! Ah, Picasso ! Ouh, Hemingway ! » etc…
Woody Allen, en guise de clin d’œil donne même à son « héros » le statut d’inspirateur de Luis Buñuel pour L’Ange exterminateur !
La démonstration est bête et outrée. Je ne comprends pas comment j’ai pu considérer ce film comme intelligent, alors qu’il est à l’image du personnage de Paul : cuistre, bête et, surtout, terriblement prétentieux.
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