jeudi 21 avril 2022

La Belle et la belle

 

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La Belle et la belle (2018) de Sophie Fillières

Margaux se rend à Paris depuis Lyon où elle est prof. Elle va à l’enterrement de celle qui fut sa meilleure amie pendant ses années de fac, Esther.

L’autre Margaux vient de plaquer un boulot alimentaire et elle va retrouver sa meilleure amie Esther.

Et c’est lors d’une fête chez Esther que les deux Margaux vont se rencontrer, par hasard. La Margaux de Lyon, 45 ans, s’aperçoit alors que l’autre Margaux, 25 ans, c’est elle vingt ans auparavant.

Il y a six ans, Jean-Paul Rouve, comédien exclusivement comique à l’époque, réalisait un film intitulé Quand je serai petit.

Mathias, le héros, rencontrait un enfant de dix ans qui lui ressemblait au même âge et à qui il arrivait les mêmes choses avec, entre autres, la mort du père.

Le registre était grave et refusait de flirter avec le fantastique de la situation de départ.

Nous trouvons le même refus ici, le ton y est beaucoup plus léger, bien que s’approchant de sujet grave comme l’avenir professionnel de Margaux et un choix géographique : Lyon ou Paris.

Ici, il y a de la gravité, mais pas de drame (comme chez Rouve).

Et l’accent est surtout mis sur les réactions de « Margaux jeune », vis-à-vis à le fois de son « aînée » et du fantastique de la situation.

Une réplique, cependant, semble s’être échappée d’une version antérieure du scénario (c’est, du moins, ainsi que je l’interprète !) : lorsque les deux Margaux se rencontrent pour la première fois dans la salle de bains d’Esther, elles sont rejointes par ladite Esther. Or, plus tard, Esther affirme à Margaux qu’il n’y avait pas d’autre femme. Du coup, on attend une résolution qui n’arrivera jamais.

Mis à part ce (très léger) couac, le scénario se tient impeccablement et la dernière de Margaux jeune à son aînée est une pirouette d’une très grande habileté.

On a aussi évoqué (et même plus souvent que le film de Rouve) Camille redouble de Noémie Lvovsky, mais je pense que la parenté est beaucoup plus lointaine. Et puis le « retour en enfance » de l’héroïne qui lui permettait, entre autres, de retrouver ses parents était un prétexte pour la réalisatrice de flirter avec une certaine mièvrerie totalement absente tant dans le film de Rouve que dans celui-ci.

Au niveau de l’interprétation, Sandrine Kiberlain, Agathe Bonitzer et Melville Poupaud nous font généreusement partager le plaisir qu’ils ont visiblement à jouer ensemble.

Après Le Retour du héros, c’est la deuxième bonne surprise de l’année dans le domaine de la comédie à la française.

Pourvu qu’il y en ait d’autres !

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