Camille redouble (2011) de Noémie Lvovsky
Camille Vaillant est comédienne. Elle cachetonne actuellement dans un film d’horreur assez pauvre.
Camille a tendance à boire un peu trop. C’est une des raisons pour lesquelles son mari Eric la quitte. Pour ça, mais aussi pour une petite jeune.
Après être passée chez un étrange horloger « maître du temps », Camille se rend chez sa meilleure amie Josepha qui est également une amie d’enfance chez qui elle va fêter l’année nouvelle (nous sommes le 31 décembre). Et c’est au moment des douze coups de minuit que Camille s’évanouit.
Elle se réveille à l’hôpital vingt trois ans plus tôt, auprès d’une infirmière qui refuse de la laisser partir, prétendant que ses parents vont venir la chercher.
Mais pour elle, ses parents sont morts il y a plus de vingt ans.
Bon d’accord ! Dans l’argument, Camille redouble est un remake de Peggy Sue Get Married de Coppola.
Mais un argument, ce n’est pas un film (ni un livre, ni une pièce, ni…un tableau) ! Dans le film de Coppola, il ne manquait pas une banane (je parle des cheveux) pas un pantalon tuyau de poêle et feu de plancher, pas une robe à jupons, ni une choucroute (je parle toujours des cheveux !). Bref, comme on le dit d’autres films pour d’autres époques, il ne manquait pas un bouton de guêtres.
Mais, sorti des fanfreluches, j’ai le souvenir vague d’un film inexistant sur un sujet mal traité (en deux mots). Et lorsqu’on voit un sujet « mal traité », on aimerait voir quelqu’un redresser la situation, bien traité ce beau sujet.
C’est exactement ce qu’a fait Noémie Lvovsky. Je n’avais jamais vu de films réalisé par elle, mais j’avais tellement d’admirations pour cette comédienne drôle (Adieu Berthe), émouvante (Le Skylab) ou cynique (L’Appolonide, Les Adieux de la reine). Et toujours juste !
Comme est juste son film ; car ici, tout est juste, la direction d’acteurs, les dialogues, le scénario (bien meilleur que celui de Coppola), la mise en scène.
Au niveau de l’ambiance d’époque, il ne manque pas plus de « boutons de guêtres » que dans Peggy Sue…Mais en plus (en bien plus), il y a tout le reste !
Il y a le « maître du temps » (Jean-Pierre Léaud, magique), il y a des répliques qui restent parce qu’elles sont simples : « Jurez-moi que vous ne mourrez jamais ! » dit Camille à ses parents. « Tu ne m’as jamais dit ça ! » dit-elle à celui qui n’est pas encore son mari, une réplique simple d’ordinaire, mais qui l’est moins ici puisqu’effectivement, il ne lui a jamais dit ça !
Il y a l’enregistrement de la cassette avec la voix des parents.
Il y a surtout le décalage, le vrai, celui de Camille, pochtronne de 40 ans qui se retrouve interdite d’alcool en raison de ses… 16 ans. Et puis le grand regret de Camille, c’est que sa mère soit morte sans savoir que sa fille était enceinte. Lorsqu’elle veut « réparer » cette « injustice », elle se retrouve face à une femme meurtrie et désespérée d’apprendre que sa fille de seize ans est enceinte ce qui, objectivement, est rarement une bénédiction. Car le décalage, Camille n’y avait pas pensé (on se demande même si, dans ce « flash-back », ce n’est pas ça qui provoque le décès).
Et puis, il y a Barbara, Dis, quand reviendras-tu ? et surtout sa Petite cantate chantée par Lvovsky, Michel Vuillermoz et Yolande Moreau, une Petite cantate à laquelle on reste attaché longtemps après la projection.
Enfin, il y a tous ces acteurs précieux, Léaud, Moreau et Vuillermoz, déjà cités, ainsi que Denis Podalydès (qui consolait Noémie Lvovsky, la pleureuse, dans Adieu Berthe), Samir Guesmi (le futur mari de Camille), Riad Satouf (le réalisateur des Beaux gosses dans lequel « Camille » était la mère de l’un des Beaux gosses), Vincent Lacoste (le Beau gosse en question), Judith Chemla, Sadia Hair et Micha Lescot.
Oui, décidément, on n’est pas prêt d’oublier la Petite cantate de Noémie Lvovsky.
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