lundi 27 février 2023

Notre histoire

****

Notre histoire (1984) de Bertrand Blier


C’est l’histoire d’un homme dans un train : il boit des bières, il s’appelle Robert Avranche, il est garagiste. Il est seul dans son compartiment. Une jeune femme vient s’y installer. Elle lui raconte une histoire, l’histoire d’une femme qui erre dans les gares et qui suit les buveurs de bière pour faire l’amour dans les compartiments.

Ils font l’amour dans le compartiment.

La jeune femme, Donatienne, descend du train, mais Robert la suit. Il la suit jusque chez elle et s’installe. Mais elle ne veut pas le garder. Donatienne ne veut pas que les hommes s’attachent à elle. Donatienne ne sourit jamais.

Robert s’incruste.

C’est surtout une histoire irracontable et peut-être le meilleur Blier. En tous cas, c’est, avec Le Samouraï de Melville, Le Professeur de Zurlini et Monsieur Klein de Losey, une des quatre « performances » les plus remarquables de Delon.

Avec ce film-ci, Blier inaugure ce qui va devenir sa griffe : le récit interrompu, bousculé, le mode de narration chaotique qui a la logique d’un rêve (à l’instar du Procès de Kafka).

Pendant la moitié du film, l’action est suivie par un « chœur antique » d’hommes en pyjama.

Trop belle pour toi, Un, deux, trois, soleil, Tenue de soirée, Merci la vie et Mon homme auront le même mode de narration.

Mais c’est peut-être bien Notre histoire, ne serait-ce qu’à cause de son titre, qui en est le plus bel exemple.

Et probablement un des plus beaux films français des vingt dernières années.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire