dimanche 26 février 2023

Les Faussaires de Manhattan

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Can You Ever Forgive Me ? (Les Faussaires de Manhattan) de Marielle Heller (2018)

Lee Israel est une écrivaine en perte de vitesse.

Elle est spécialisée dans les biographies de célébrités, mais la dernière parue sur Estée Lauder ne s’est pas vendue.

Lee a mauvais caractère et vit seule avec sa chatte. Son seul bien de quelque valeur, c’est une lettre manuscrite de Katharine Hepburn qu’elle se résigne à vendre pour pouvoir payer son loyer.

Comme cette lettre lui a rapporté pas mal d’argent et après s’être aperçu qu’elle avait certains dons de faussaires, elle commence à fabriquer de fausses lettres d’écrivain qui vont lui permettre de bien gagner sa vie.

En 1973, douze ans avant sa mort, Orson Welles réalisait un « faux documentaire », Vérités et mensonges dont la « vedette » était Elmyr de Hory, citoyen espagnol d’origine hongroise et génial faussaire et dans lequel il affirmait qu’aucun de SES Picasso, Matisse et autres Modigliani n’avait jamais été refusé par les grands musées du monde.

Le film, détesté par le monde officiel de l’histoire et du marché de l’art qui était un peu tourné en ridicule, s’interrogeait sur ce que pouvait être « l’authenticité ».

Depuis le 17ème siècle, certains ouvrages (destinés à un public exclusivement féminin à l’origine) étaient constitués d’échanges épistolaires, totalement apocryphes et quelquefois fantaisistes, entre deux personnages célèbres de l’histoire, voire de la mythologie.

Ce genre littéraire est à rapprocher du film de Welles pour ce qui est d’une réflexion sur l’authentique ou sur l’authenticité d’un Matisse peint par de Hory, mais qui serait, dans l’esprit, plus de Matisse que d’autres authentiques Matisse peint un jour de méforme ou l’authenticité d’une lettre de Montaigne à La Boétie, totalement apocryphe, mais « plus authentique » qu’une vraie par son style et par son récit.

Bien évidemment, il n’est pas question de tout cela dans Les Faussaires de Manhattan adapté du roman éponyme autobiographique de Lee Israel (Can You Ever Forgive Me ?).

Le film est une comédie légère qui n’est pas là pour se poser des questions sur la citation et l’authenticité (comme le faisait Welles, précisément !). C’est peut-être un petit peu dommage, mais la cinématographie américaine, c’est bien connu, ne peut pas mélanger deux concepts à la fois : quand on fait de la comédie, on fait de la comédie !

Il serait un peu vain de bouder son plaisir, ici. Les Faussaires de Manhattan est très plaisant tel qu’il est, mené par Richard E. Grant et, surtout, la coqueluche hollywoodienne actuelle, Melissa McCarthy.

Une très aimable comédie, très bien écrite, au rythme vif et aux dialogues assez brillants.

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