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The Bespoke Overcoat (1956) de Jack Clayton
Le tailleur Morry rentre chez lui après avoir assisté au misérable enterrement de son ami et client Fender. Le fantôme de celui-ci lui apparaît et lui raconte qu’il se trouve bien mieux dans le royaume des morts que dans sa misérable vie. Il raconte à son ami comment il est mort : il avait absolument besoin d’un nouveau manteau, mais son ignoble patron, Randing, refuse de lui en vendre un à crédit. Morry, lui, accepte d’en faire un à bas prix, par amitié.
Un film de 36 minutes est sans doute difficile à distribuer et j’ose espérer que c’est la seule raison qui peut expliquer que ce petit bijou soit resté totalement inédit en France.
C’est typiquement le genre d’œuvre qu’on devrait étudier dans les écoles de cinéma. Le film, vu son format court, est classé dans ce qu’on appelle les séries B. Malheureusement, l’expression « série B » est devenu synonyme pudique de « nanar ». A une époque où les « séries A », fabriquées à coups de millions de dollars et où les seuls talents repérables sont ceux des techniciens chargés des effets spéciaux et des publicitaires qui assurent la promotion de ces navets hypertrophiés, envahissent les écrans, il est navrant de voir cette perfection et cette justesse, confinés à l’écran confidentiel d’une chaîne câblée et à péage.
La réalisation est parfaite : les cadrages et la lumière rappellent l’Arkadin de Welles et bien que situé à Londres, l’ambiance, d’une fidélité scrupuleuse à l’univers de Gogol, fait constamment penser à un ghetto d’Europe centrale. Les deux comédiens, David Kossof et Alfie Bass, semblent tout droit sortis du Golem et leur interprétation est grandiose. On reverra Alfie Bass, quelques années plus tard dans le rôle du vampire Shagal du Bal des vampires de Polanski.
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