dimanche 1 mai 2022

Trois cœurs

 

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Trois cœurs (2014) de Benoît Jacquot

 Marc rate le dernier train pour Paris. Il erre dans les rues de la petite ville de province où il était en mission.

Il rencontre Sylvie. Ils échangent des cigarettes et tiennent des propos anodins. Ils sont de plus en plus attirés l’un par l’autre, mais ils vont se contenter de marcher dans la ville jusqu’au petit matin, jusqu’à ce que Marc prenne le premier train pour Paris.

Ils ne savent rien l’un de l’autre. Marc, juste avant son départ, a fixé rendez-vous à Sylvie le vendredi suivant au Jardin des Tuileries.

De retour chez elle, Sylvie fait ses bagages et quitte son compagnon pour aller s’installer chez sa mère. Elle annonce à celle-ci et à sa sœur Sophie, qu’elle est amoureuse.

Mais au moment de leur rendez-vous, Marc fait un infarctus et Sylvie qui, naturellement, l’ignore retourne dans sa ville natale. Elle rejoint son compagnon et part avec lui aux Etats-Unis.

Quelques mois plus tard, Marc, de retour dans cette ville, fait la connaissance de Sophie.

On a beaucoup glosé à propos de l’invraisemblance, réelle ou supposée, de l’histoire.

J’ai en horreur les gardiens du temple. Pourtant, je vais faire ici le gardien du temple : quand un film est bon, bien fait, voire génial, peu importe que tout le film soit basé sur une invraisemblance, à savoir, par exemple, la recherche de la signification d’un mot que personne n’est censé avoir entendu (« Rosebud » dans Citizen Kane).

Mais lorsqu’il n’y a pas grand-chose d’autre que cette invraisemblance, on se focalise dessus. Ici, elle saute aux yeux parce que c’est tout ce qui peut sauter aux yeux. C’est même tout ce qui peut sauter tout court.

Parce qu’après la séquence (la meilleure !) de la rencontre et du coup de foudre de Marc et Sylvie et le départ de Marc pour Paris, nous avons droit à « l’hamartia » façon Elle et lui : Marc va au rendez-vous de Sylvie, mais fait un infarctus en route et l’histoire d’amour s’arrête là.

L’intérêt pour l’histoire suivante chute de façon assez spectaculaire : le couple formé par Marc et Sophie (Eh oui ! Le titre d’une série télé déjà ringarde à l’époque et probablement irregardable aujourd’hui !) ne suscite pas le moindre intérêt.

Pendant ce temps, la grande Catherine, mère des deux susnommées, fait la cuisine, coupe des gâteaux et mange tout le temps.

Benoît Poelvoorde, superbe et surprenant, Charlotte Gainsbourg, superbe, mais pas surprenante, Chiara Mastroianni, bien, sans plus (mais c’est son rôle qui veut ça !) et Catherine Deneuve, impériale présidente de table, forment un quatuor qui fonctionne très bien, mais ne parvient pas à faire fonctionner le film. Chiara Mastroianni a remplacé Léa Seydoux, initialement prévue mais qui refusait de tourner à ce moment-là, suite à ses démêlées avec Kechiche[1].

Trois cœurs serait plutôt un bel écrin, mais il n’y a aucune pierre précieuse dedans.



[1] À propos du tournage de La Vie d’Adèle


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