lundi 2 mai 2022

Bellissima

 

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Bellissima (1951) de Luchino Visconti


Maddalena Cecconi est infirmière à domicile. Lorsque s’ouvre un concours pour engager une petite fille qui tiendra le rôle principal dans le prochain film d’Alessandro Blasetti, Maddalena y accompagne sa fille, Maria.

Elle commence par perdre sa fille au milieu de Cinecittà, alors que les auditions des autres petites filles, dansant, montrant leurs jambes ou faisant des claquettes ont commencé. Elle retrouve sa gamine accompagnée d’Alberto Annovazzi, un de ces escrocs qui guettent toujours les gogos fascinés par le cinéma.

Maddalena est prête à tout pour que sa fille soit engagée. Mais la petite, très jeune, ne semble pas très douée et la mère commence à taper dans les économies, car les dépenses, elles, commencent à pleuvoir : cours de diction, robe, coiffeur…

Le mari de Maddalena n’est pas d’accord et les disputes dans le couple sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus violentes.

Totalement méprisé dans l’œuvre de Visconti jusqu’à il y a quelques années, ce film, tout de même mineur, fait à présent l’objet d’un culte quelque peu exagéré.

Bien sûr, la Magnani est, comme toujours superbe. Et la critique du « miroir aux alouettes » fait mouche avec ces petites filles qui jouent les vamps en montrant leurs jambes, en se trémoussant ou en faisant des pointes, poussées par leurs pitoyables mères(-maquerelles).

Mais Maddalena Cecconi n’est pas dupe. Elle ne se laisse que moyennement éblouir par les « feux de la rampe » ; elle veut juste que sa fille connaisse une autre vie que la sienne. Et pour ça, elle est prête à laisser ses économies à un minable petit gigolo qui ne pense qu’à s’acheter un scooter.

Tout cela, c’est le bon côté qui, avec cette réflexion sur le cinéma où pullulent les parasites en tous genres, coiffeur ou professeur de diction (celle qui va jusqu’à gober tous les œufs de la malheureuse mère de famille), donne toute sa valeur à ce film qui reste du Visconti.

Mais Visconti reste, lui, duc de Milan et, mis à part ses tout premiers films, Ossessione et La Terra trema, il n’a jamais eu la main heureuse en ce qui concerne « le peuple ». Grâce à Magnani, Bellissima est de loin supérieur au surestimé Rocco et ses frères[1]. Les chefs d’œuvre de Visconti sont Le Guépard, Les Damnés, ou Mort à Venise. Pas vraiment des histoires de prolos !



[1] A l’occasion d’une mise à jour 19 ans plus tard, j’ai relu cet article et je dois dire qu’à minima, « je ne suis pas d’accord avec moi-même » et qu’à maxima, j’ai un peu honte d’avoir écrit des conneries de cet acabit. Mise à part les scènes mélos finales, Rocco reste un chef d’œuvre supérieur à ce Bellissima qui est également un très beau film. (Juillet 2017)

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