dimanche 22 mai 2022

Il Bidone

 

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Il Bidone (1955) de Federico Fellini


Augusto, Roberto et Carlo, dit Picasso, organisent de minables escroqueries qui leur permettent de voler de pauvres gens crédules, que ce soit en leur faisant miroiter un hypothétique trésor ou en leur promettant un logement social.

Augusto vient d’avoir cinquante ans et il sent tout le ratage de sa vie minable.

Picasso, bon mari et bon père de famille, ne pense qu’à décrocher pour vivre honnêtement auprès de sa femme Iris qui ignore tout des activités douteuses de son mari.

Roberto est un minable escroc bellâtre et veule.

Mais qu’ils rêvent de s’en sortir par un travail honnête ou par un gros coup, ils savent qu’ils ne peuvent pas continuer comme ça.

Sans doute à cause de son titre, ce film est considéré comme un ratage de Fellini : un « bidone », c’est une petite escroquerie et on retrouve la racine dans le verbe argotique français « bidonner ». Et cette « couleur » crapoteuse et minable colle au film, tant en Italie qu’en France.

Or, tout cela doit être révisé et ce film réévalué. Tout d’abord, il appartient à la première veine fellinienne, celle du néoréalisme, comme I Vitelloni, Lo Sceicco bianco, Les Nuits de Cabiria et La Strada, encore que le mélo, dans ce dernier cas, l’emporte nettement sur le néoréalisme.

Et cette première veine, Fellini n’en sortira réellement jamais puisque ses chefs d’œuvres ultérieurs garderont, en général, cette griffe néoréaliste, de La Dolce vita à Roma ou Amarcord, jusqu’au Satyricon qui est, après tout en quelque sorte, un film « néoréaliste antique ».

Dans cette perspective, Il Bidone est non seulement une réussite de Fellini, mais une de ses œuvres majeures. Bien sûr, Fellini ne fait pas preuve d’énormément d’indulgence envers ses personnages, mais n’est-ce pas un peu habituel chez lui ? A l’exception notable de Casanova qu’il déteste, Fellini jette un regard attendri dans tous ses films sur les lâches, les crétins, les êtres veules ou imbus d’eux-mêmes et les matamores impuissants et pitoyables.

Et les quatre petits malfrats de Il Bidone sont particulièrement pathétiques : Roberto, petit voyou bellâtre insignifiant, Carlo, trouillard mielleux et surtout Augusto, minable escroc en bout de course. La scène la plus caractéristique est sans doute celle qui nous montre Augusto plein de pitié et d’admiration pour une jeune poliomyélite dont le spectateur va croire, un court moment, qu’elle représente la rédemption de l’escroc puisqu’on croit qu’il lui a rendu l’argent qu’il avait escroqué à ses parents. Mais l’irrécupérable Augusto n’a rien rendu du tout : il a simplement voulu garder cet argent pour lui.

Certains ont vu dans ce film une histoire de rédemption : mais cette scène, à elle-seule, est bien la preuve que personne ne sera racheté et surtout pas Augusto qui finira misérablement et mal, comme il a vécu.

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