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Designing Woman (La Femme modèle) (1957) de Vincente Minnelli
Mark Hagen, chroniqueur sportif, fait la connaissance de Marilla Brown, dessinatrice de mode, alors que, new-yorkais l’un comme l’autre, ils sont sur la côte ouest.
De retour à New-York, ils découvrent chacun l’univers de l’autre. Mark fait la connaissance des hystériques new-yorkais de la mode qui sont les intimes de Marilla, alors que la jeune femme est amenée à côtoyer les « relations professionnelles » de son mari dont les articles sur les tendances mafieuses des milieux de la boxe ne lui ont pas fait que des amis.
Marilla fait également la connaissance de Lory Shannon que Mark connaissait un peu plus que bien…
Minnelli, dans tous ces films, se plait à faire se confronter deux univers apparemment inconciliables, que ce soit dans les comédies (la gentry britannique avec la jeunesse américaine dans Qu’est-ce que maman comprend à l’amour, les deux vies de Charlie dans Goodbye Charlie, le passé aristocratique de la très Britannique Melinda et le présent terre à terre de la New Yorkaise Daisy dans Melinda) ou dans les drames (le monde idyllique argentin du vieux Madariaga et l’Allemagne nazie et l’Europe occupée dans Les Quatre cavaliers de l’Apocalypse, la vie rêvée et la vraie vie de Madame Bovary, etc…).
Dans Designing Woman, ce n’est pas seulement un élément du scénario, c’est l’argument de base de l’histoire et le moins qu’on puisse dire est que le contraste est saisissant.
Faire co-habiter dans une scène hilarante le monde à paillettes du show-business new-yorkais avec celui de la boxe, symbolisé par l’inénarrable Maxie Stultz, sans glisser dans l’effet facile, il fallait tout le doigté du réalisateur d’Un Américain à Paris.
De fait, nous sommes ici dans le meilleur de ce que peut faire le cinéma américain dans le domaine de la comédie. A l’origine, l’histoire fut apportée à Minnelli par Helen Rose, responsable des costumes à la M.G.M. et, de fait, costumière de ce film-ci.
Le rythme est soutenu et assuré de main de maître non seulement par le réalisateur, mais par l’ensemble des comédiens : Lauren Bacall trouve ici un de ses meilleurs rôles dans une comédie (malgré le contexte difficile dans sa vie personnelle de l’époque : Humphrey Bogart, son mari, meurt pendant le tournage de Designing Woman) et le reste de l’équipe est à la hauteur. Mickey Shaughnessy, le fabuleux Maxie Stultz, Jack Cole chorégraphe et danseur de grand talent dans le rôle de Randy et la grandiose Dolores Gray, Lory Shannon, l’ex-maîtresse de Mark et, à ce titre, personnage-clef de la comédie. On garde longtemps en mémoire ce petit air énigmatique qu’elle a lorsqu’elle vient de « servir » à Mark ses « raviolis Andrucci ».
Seul Grégory Peck est un peu en retrait, mais tout est tellement réussi que ça paraît totalement naturel.
Les situations cocasses sont d’une originalité plutôt rare, même dans ce genre de « comédies sophistiquées » : George Wells obtint l’oscar du meilleur scénario original pour Designing Woman. Les dialogues sont de petits bijoux et l’utilisation, souvent à contrario, des commentaires en voix off des protagonistes est brillantissime.
On peut souligner (une fois n’est pas coutume !) l’excellence de la version française et recommander deux visionnages, l’un en V.O. l’autre en V.F.
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