jeudi 19 mai 2022

Treize à table

 

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Treize à table (1955) d'André Hunebelle


Madeleine, bourgeoise du 16ème arrondissement avec téléphone blanc (nous sommes dans les années 50) est aux cent coups : elle prépare le réveillon de Noël pour lequel elle a invité quelques amis. Antoine, son mari, lui fait innocemment remarquer, en faisant le compte des invités qu'ils seront treize. Pour Madeleine, c'est une catastrophe.

 

Elle commence par inviter son soupirant, son "amant potentiel", Raphaël, mais Antoine ne peut pas le supporter. Et toute la soirée, d'invités nouveaux en invités qui se décommandent, le nombre des convives va osciller entre douze et quatorze pour arriver systématiquement au nombre porte-malheur.

Évidemment, c'est du Marc-Gilbert Sauvajon, c'est à dire du boulevard et pas du meilleur. On est bien loin des adaptations de Flers et Caillavet, mais c'est, paradoxalement, ce qui donne son piquant à ce film, par ailleurs plutôt quelconque.

Quand on pense que c'est un théâtre qui tire tous ces effets d'un dialogue qui se veut "pétillant", on se dit, en entendant les désolantes "saillies" d'une bourgeoisie aussi bête que riche, qu'il ne reste plus grand-chose à sauver, même si les comédiens, rompus à ce genre d'exercice, y mettent tout leur talent.

Et ce sont eux qui emportent la partie. On entrevoit Georgette Anys et Paul Demange qui n'ont même pas l'honneur d'une réplique. On voit un peu mieux, mais à peine, Misha Auer dans le rôle d'un cinéaste russe, donc fou, nommé Badabov (sic !), Bernard Lajarigge en improbable amant potentiel, Jean Brochard, en médecin de famille, Claude Nicot, en collaborateur niais et Jeanne Fusier-Gir,  en tante possessive, sorte de Madelon à la retraite, dans une scène désespérément brève et deux débutantes : Jacqueline Huet, assez mauvaise en star américaine, et, dans le rôle à peine plus conséquent de la meilleure amie de madame, Annie Girardot.

Monsieur et madame ne sont rien moins que Fernand Gravey et Micheline Presle et le film repose sur eux (sur madame, surtout !).

Il est bien évident qu'une réplique comme "Pas de réveillon sans Dupaillon !" n'a pas une charge émotionnelle excessive, mais comme c'est bien dit, ça passe.

La réalisation essaie (et réussit souvent) à palier les carences de « l'œuvre » originale en ajoutant quelques gags et on prend un certain plaisir à déguster le savoir-faire des comédiens et du réalisateur, même si, à certains moments, on a l'impression qu'ils sont tous sourds à la manière qu'ils ont de hurler leur texte insipide.

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