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Dry Run (Dark Waters) de Todd Haynes (2019)
Robert
Bilott est avocat au sein du cabinet Taft de Cincinatti qui s’est spécialisé
dans la défense des entreprises de l’industrie chimique au premier rang
desquels la célébrissime DuPont de Nemours.
Bilott reçoit la visite de Willem
Tennant, un fermier de Parkersburg (Virginie Occidentale) dont la ferme jouxte
un site d’enfouissement appartenant à DuPont.
Le troupeau de vaches de Tennant a été décimé par une
étrange maladie apporté par la pollution des eaux du site DuPont. Bilott
accepte malgré les réticences de son cabinet de prendre l’affaire qui l’amène
très rapidement à s’intéresser au PFOA, un produit qui rentre dans la
fabrication d’une matière antiadhésive commercialisée sous le nom de
« Teflon ».
Dark
Waters est un film-dossier
américain-type. Dans un film-dossier, on a un message à faire passer :
c’est l’idée de base !
Même si on peut s’y permettre quelques
« coquetteries » de réalisation, on n’y fait pas les pieds au mur
avec la caméra, sauf nécessité absolue qui irait dans le sens de la thèse
adoptée.
Le scénario est tiré d’un article de
Nathaniel Rich, L’avocat qui devint le pire cauchemar de DuPont, parus
dans le New-York Time Magazine qui intéressa Mark Ruffalo, interprète du
rôle de Bilott et coproducteur du film.
« Tout le monde parle d’avoir
un meilleur futur. DuPont réinvente le présent », c’est la profession de foi qui figure en exergue du
site français de la société qui, un peu plus loin, dans un numéro grotesque
d’autocongratulation, parle d’un « assainissement de l’eau »
que DuPont pratiquerait, ce qu’on peut voir, au regard de ce que raconte Dark
Waters, avec une certaine ironie douloureuse, surtout lorsque DuPont
conclut cette profession de foi en disant « Chez DuPont, nous
travaillons à rendre le monde plus sûr, plus sain et plus agréable ».
Quand j’étais petit, il y avait un
slogan publicitaire qu’on entendait beaucoup : « Chez Dupont, tout
est bon ! ». Mais il s’agissait d’une chaine de brasserie,
aujourd’hui défunte. Ici, on peut se demander si on ne pourrait pas reprendre
le slogan en : « Chez DuPont, rien n’est bon ! »
Le casting « mené » par le
producteur Mark Ruffalo est d’une grande efficacité, comme toujours dans ce
genre très précis qu’est le film-dossier : Anne Hathaway (Sarah, l’épouse
de l’avocat), Tim Robbins (Tom Terp, le patron de Bilott qu’il va défendre
envers et contre tous), Bill Camp (Wilbur Tennant, le fermier qui éveille la
conscience de Bilott) et Victor Garber (Phil Donnelly, le « méchant »
patron de DuPont) sont parfaits. Mentionnons également le non-professionnel (et
pour cause !) William « Bucky » Bailey, né handicapé physique à
cause des sinistres tripatouillages de DuPont et qui interprète son propre
rôle.
Les films-dossier peuvent
indifféremment se terminer bien ou mal, étant souvent adaptés de faits réels
qui, eux-mêmes, se sont terminés bien ou mal.
Tout le talent de la mise en scène ici,
on l’aura compris, c’est de présenter sa thèse et de la défendre. Et ça, les
Américains le font très bien…
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