mercredi 29 juillet 2020

Dark Waters


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Dry Run (Dark Waters) de Todd Haynes (2019)
Robert Bilott est avocat au sein du cabinet Taft de Cincinatti qui s’est spécialisé dans la défense des entreprises de l’industrie chimique au premier rang desquels la célébrissime DuPont de Nemours.
Bilott reçoit la visite de Willem Tennant, un fermier de Parkersburg (Virginie Occidentale) dont la ferme jouxte un site d’enfouissement appartenant à DuPont.
Le troupeau de vaches de Tennant a été décimé par une étrange maladie apporté par la pollution des eaux du site DuPont. Bilott accepte malgré les réticences de son cabinet de prendre l’affaire qui l’amène très rapidement à s’intéresser au PFOA, un produit qui rentre dans la fabrication d’une matière antiadhésive commercialisée sous le nom de « Teflon ».
Dark Waters est un film-dossier américain-type. Dans un film-dossier, on a un message à faire passer : c’est l’idée de base !
Même si on peut s’y permettre quelques « coquetteries » de réalisation, on n’y fait pas les pieds au mur avec la caméra, sauf nécessité absolue qui irait dans le sens de la thèse adoptée.
Le scénario est tiré d’un article de Nathaniel Rich, L’avocat qui devint le pire cauchemar de DuPont, parus dans le New-York Time Magazine qui intéressa Mark Ruffalo, interprète du rôle de Bilott et coproducteur du film.
« Tout le monde parle d’avoir un meilleur futur. DuPont réinvente le présent », c’est la profession de foi qui figure en exergue du site français de la société qui, un peu plus loin, dans un numéro grotesque d’autocongratulation, parle d’un « assainissement de l’eau » que DuPont pratiquerait, ce qu’on peut voir, au regard de ce que raconte Dark Waters, avec une certaine ironie douloureuse, surtout lorsque DuPont conclut cette profession de foi en disant « Chez DuPont, nous travaillons à rendre le monde plus sûr, plus sain et plus agréable ».
Quand j’étais petit, il y avait un slogan publicitaire qu’on entendait beaucoup : « Chez Dupont, tout est bon ! ». Mais il s’agissait d’une chaine de brasserie, aujourd’hui défunte. Ici, on peut se demander si on ne pourrait pas reprendre le slogan en : « Chez DuPont, rien n’est bon ! »
Le casting « mené » par le producteur Mark Ruffalo est d’une grande efficacité, comme toujours dans ce genre très précis qu’est le film-dossier : Anne Hathaway (Sarah, l’épouse de l’avocat), Tim Robbins (Tom Terp, le patron de Bilott qu’il va défendre envers et contre tous), Bill Camp (Wilbur Tennant, le fermier qui éveille la conscience de Bilott) et Victor Garber (Phil Donnelly, le « méchant » patron de DuPont) sont parfaits. Mentionnons également le non-professionnel (et pour cause !) William « Bucky » Bailey, né handicapé physique à cause des sinistres tripatouillages de DuPont et qui interprète son propre rôle.
Les films-dossier peuvent indifféremment se terminer bien ou mal, étant souvent adaptés de faits réels qui, eux-mêmes, se sont terminés bien ou mal.
Tout le talent de la mise en scène ici, on l’aura compris, c’est de présenter sa thèse et de la défendre. Et ça, les Américains le font très bien…

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