mercredi 1 juillet 2020

The American


Affiche du film The American - Affiche 1 sur 1 - AlloCiné
The American (2010) d’Anton Corbijn
En « mission » en Suède, Jack, un tueur à gages, est obligé de fuir après avoir tué trois personnes.

Il se rend en Italie où il a un nouveau contrat : il doit fournir une arme de haute précision à une « cliente ». Mais cette femme est-elle réellement une « cliente » ?
Anton Corbijn a la carte : on ne sait pas laquelle, mais il l’a ! Lorsqu’on lit les critiques qui ont accompagné la sortie du film, on trouve pêle-mêle « mécanique brillante », « beauté formelle », « réalisation austère », « faux rythme et vrai suspense », « thriller existentiel », « polar dépouillé », « objet inclassable »
Inclassable, en effet, puisqu’on n’a pas le droit de dire du mal d’un réalisateur encarté, car « la mécanique brillante » tourne à vide  et n’a rien de brillant, la « beauté formelle » est celle des Abruzzes et ses petits villages perchés et ne doit rien au film, la « réalisation austère » n’est qu’une sorte de faux chic chiant, le « faux rythme et le vrai suspense » n’est qu’un vrai manque de rythme et de suspense (et puis, il faut peut-être réfléchir avant d’écrire des âneries : qu’est-ce que du suspense sans rythme !?), le « thriller existentiel » est l’expression typique qui ne veut rien dire, mais permet d’écrire quelque chose et le « polar dépouillé » est surtout dépouillé du moindre intérêt pour le spectateur.
En clair, ce pauvre Corbijn louche désespérément sur Melville et son Samouraï. Mais le trench-coat de Delon est peut-être un peu trop large pour Clooney et les Abruzzes, si belles soient-elles, n’ont pas la magie du Paris gris et pluvieux des années soixante. Même le modeste appartement des Abruzzes ne peut pas faire oublier le sordide appartement qu’occupait le Samouraï avec le talent de réalisation de Melville que Corbijn – poverraccio ! – n’atteint à aucun moment.
Derrière le film de Melville, il y avait un scénario, une histoire et surtout, ce que Melville faisait de mieux, une ambiance. Ici, il y a les ingrédients pour faire comme : mais l’effet « Canada Dry » au cinéma, ça ne marche que si on est plus brillant que l’original, ce que ne saurait en aucun cas être ce pensum dénué de… à peu près tout.
PS : Encore une andouillerie française sur le titre : ça s’appelle « The American » parce que c’est ainsi que les Italiens appellent Jack, « L’Americano ». On aurait donc pu l’appeler « L’Américain » ou « L’Americano », mais pourquoi « The American » ? Les distributeurs français sont donc bien comme les oiseaux de Chaval !

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