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The American (2010) d’Anton Corbijn
En
« mission » en Suède, Jack, un tueur à gages, est obligé de fuir
après avoir tué trois personnes.
Il se rend en
Italie où il a un nouveau contrat : il doit fournir une arme de haute
précision à une « cliente ». Mais cette femme est-elle réellement une
« cliente » ?
Anton Corbijn a la carte : on ne sait pas
laquelle, mais il l’a ! Lorsqu’on lit les critiques qui ont accompagné la
sortie du film, on trouve pêle-mêle « mécanique
brillante », « beauté
formelle », « réalisation
austère », « faux
rythme et vrai suspense », « thriller
existentiel », « polar
dépouillé », « objet
inclassable »…
Inclassable, en effet, puisqu’on n’a
pas le droit de dire du mal d’un réalisateur encarté, car « la mécanique brillante » tourne à vide et n’a rien de brillant, la « beauté formelle » est celle
des Abruzzes et ses petits villages perchés et ne doit rien au film, la « réalisation austère » n’est
qu’une sorte de faux chic chiant, le « faux
rythme et le vrai suspense » n’est qu’un vrai manque de rythme et de
suspense (et puis, il faut peut-être réfléchir avant d’écrire des
âneries : qu’est-ce que du suspense sans rythme !?), le « thriller existentiel » est
l’expression typique qui ne veut rien dire, mais permet d’écrire quelque chose
et le « polar dépouillé »
est surtout dépouillé du moindre intérêt pour le spectateur.
En clair, ce pauvre Corbijn louche
désespérément sur Melville et son Samouraï.
Mais le trench-coat de Delon est peut-être un peu trop large pour Clooney et
les Abruzzes, si belles soient-elles, n’ont pas la magie du Paris gris et
pluvieux des années soixante. Même le modeste appartement des Abruzzes ne peut
pas faire oublier le sordide appartement qu’occupait le Samouraï avec le talent de réalisation de Melville que Corbijn
– poverraccio ! – n’atteint à aucun moment.
Derrière le film de Melville, il y
avait un scénario, une histoire et surtout, ce que Melville faisait de mieux,
une ambiance. Ici, il y a les ingrédients pour faire comme : mais l’effet
« Canada Dry » au cinéma, ça ne marche que si on est plus brillant
que l’original, ce que ne saurait en aucun cas être ce pensum dénué de… à peu
près tout.
PS : Encore une andouillerie française sur le titre :
ça s’appelle « The American » parce que c’est ainsi que les Italiens
appellent Jack, « L’Americano ». On aurait donc pu l’appeler
« L’Américain » ou « L’Americano », mais pourquoi
« The American » ? Les distributeurs français sont donc bien
comme les oiseaux de Chaval !
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