jeudi 30 juillet 2020

Le Gouffre aux chimères


Ace in the Hole (Le Gouffre aux chimères) de Billy Wilder (1951)
 Chuck Tatum se fait engager par le journal d’Albuquerque dirigé par le très honnête Jacob Q. Boot.
Journaliste marron (comme on parle d’avocat marron) sans le moindre scrupule, il s’est fait renvoyé d’un nombre incalculable de journaux et il est unanimement détesté dans la profession. Mais il rapporte beaucoup d’argent.
Lorsqu’il apprend que la galerie d’une mine du Nouveau Mexique s’est écroulé et qu’un mineur, Leo Minosa, est resté coincé en-dessous, il se fait envoyer par le journal pour couvrir l’évènement.
Il va faire en sorte de transformer ce fait divers en attraction dont il sera le seul bénéficiaire et va réussir à faire choisir la méthode de sauvetage la plus longue qui lui permettra de faire durer sa gloire le plus longtemps possible alors que, pour Minosa, les chances de survie s’amenuisent d’heure en heure.
Réalisé entre le célébrissime Boulevard du Crépuscule et Stalag 17, Le Gouffre aux chimères ne fait pas partie des œuvres les plus prestigieuses du réalisateur de Fedora et de Certains l’aiment chaud.
Réputé pour sa causticité qui peut très facilement virer au cynisme le plus noir, Billy Wilder aurait dû être à l’aise avec ce sujet, auquel nous aurions dû, nous, spectateurs contemporains, d’autant plus adhérer que les faits dénoncés dans ce film de 1951 sont quasiment notre pain quotidien plus de soixante ans plus tard.
Mais très curieusement, on met beaucoup de temps à se rallier à cette histoire qui, dans sa partie centrale, semble beaucoup patiner.
Heureusement, le film trouve son rythme de croisière dans la deuxième partie, mais c’est le revirement de Tatum et ses états d’âme qui font franchement « fabriqués » auxquels on assiste sans trop y croire.
Kirk Douglas, très bien entouré, est parfait, comme d’habitude. On citera aussi Ray Teal (le shérif), Porter Hall (le patron intègre du journal d’Albuquerque) et Bob Arthur (Herbie) également excellents. Mais la vraie découverte, c’est Jan Sterling, une sorte de double de la Barbara Stanwyck d’Assurance sur la mort dont elle a l’animalité, mais dont elle n’aura pas la prestigieuse carrière. On la verra dans pas mal de séries télé jusque dans les années 80.
Le Gouffre aux chimères est un film sur les dérives de la médiatisation, mais s’il ne parvient pas à nous passionner, c’est peut-être parce que nous avons vu bien pire depuis 1951 et que nous voyons bien pire tous les jours depuis quelques années.

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