mercredi 8 juillet 2020

Bécassine (Podalydès)


Bécassine (2018) de Bruno Podalydès
A Clocher-les-Bécasses, un vol de bécasses survole le village le jour où vient au monde celle qu’on appelle, tout naturellement, Bécassine.
Bécassine grandit, mais garde sa naïveté d’enfant. Son oncle Corentin la pousse à tout voir et à tout comprendre tout en lui racontant les histoires qu’on raconte aux enfants.
Mais Bécassine ne rêve que de Paris et de la Tour Eiffel.
Un jour, elle décide de gagner la capitale et part à pied, mais après quelques kilomètres, elle croise la voiture de Madame la Marquise de Grand-Air qui est accompagné de monsieur Proey-Minans et qui est à la recherche de quelqu’un qui puisse s’occuper de l’enfant qu’elle a adopté la petite Loulotte.
Attendrie par la petite fille, Bécassine accepte la charge.
La grande héroïne bretonne de Jacqueline Rivière et Émile-Joseph-Porphyre Pinchon a fêté son 113ème anniversaire au mois de février dernier.
On ne peut pas vraiment dire qu’elle soit toujours restée sur le devant de la scène, mais, périodiquement on la ressort du placard et pas toujours pour de bons motifs (cf. Chantal Goya !).
A l’origine, Bécassine était picarde et c’est Caumery qui succéda à Jacqueline Rivière qui en fit une brave fille du Finistère.
Et dès qu’elle devint Bretonne, en 1913, les Bretons montèrent au créneaux.
En 1939, un groupe de Bretons vint détruire la reproduction de Bécassine au musée Grévin.
Or 1939, ce fut l’année de la première adaptation signée Pierre Caron avec Paulette Dubost, l’année précisément où, comme elle aimait à le répéter quand on l’interrogeait sur sa carrière, elle tourna également La Règle du jeu de Jean Renoir. Un grand écart cinématographique absolu !
Car, il faut bien le dire Bécassine de Pierre Caron est quand même un nanar de première bourre qui eut un certain succès à sa sortie en 1940. Il fut aussi, bien sûr, vilipendé en Bretagne.
L’annonce de la sortie du film de Podalydès a fait ressortir les Bretons du bois et ils se sont, bien entendu, unis pour pousser des cris d’orfraie… bien avant d’avoir même eu l’opportunité de voir le film.
Or, on est ici bien loin de la gourde qu’incarnait (fort bien du reste) Paulette Dubost, il y a presque 80 ans.
Bécassine est, certes, un peu naïve, mais elle a l’esprit pratique et elle tient même de Géo Trouvetou, voire de Gaston Lagaffe. Mais ses inventions à elle finissent, après quelques ratés, par fonctionner contrairement à celles de Gaston qui provoquent systématiquement des catastrophes.
Le film est drôle, très rythmé et extrêmement bienveillant. Même l’escroc Rastaquoueros (incarné par le réalisateur lui-même) revient pratiquement rendre, avec intérêt, ce qu’il avait « emprunté ».
Madame de Grand-Air est une aristocrate un peu dépassée, mais pas du tout la vieille peau desséchée de la BD. Tout en restant un peu « datés », les personnages sont très intelligemment modernisés.
L’oncle Corentin est un peu le « Jiminy le Criquet » de Bécassine. Monsieur Proey-Minans est le soupirant transi de madame de Grand-Air qui va lui préférer le voyou Rastaquoueros.
Quant aux autres personnages, ce sont, pour l’essentiel, le petit personnel de madame de Grand-Air : le maître d’hôtel Hilarion, le chauffeur Cyprien, la cuisinière Madeleine et la bonne Châtaigne.
Il faut dire que, pour incarner tout ça, il y a un casting de rêve : Bruno Podalydès (Rastaquoueros), Karin Viard (Madame de Grand-Air), Michel Vuillermoz (Oncle Corentin), Denis Podalydès (Monsieur Proey-Minans), Jean-Noël Brouté (Hilarion), Philippe Uchan (Cyprien), Isabelle Candelier (Madeleine) et, dans une prestation particulièrement remarquable, Josiane Balasko en Châtaigne.
Bien entendu, on aura garde d’oublier la superbe Emeline Bayart, inoubliable Bécassine !
Décidément, après Le Retour du héros, la comédie à la française a plutôt le vent en poupe en ce moment.
Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire et pour paraphraser Laetitia Bonaparte : « Pourvou que ça doure ! »

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