Bécassine (2018) de Bruno Podalydès
A Clocher-les-Bécasses, un vol de bécasses survole le
village le jour où vient au monde celle qu’on appelle, tout naturellement,
Bécassine.
Bécassine
grandit, mais garde sa naïveté d’enfant. Son oncle Corentin la pousse à tout
voir et à tout comprendre tout en lui racontant les histoires qu’on raconte aux
enfants.
Mais
Bécassine ne rêve que de Paris et de la Tour Eiffel.
Un
jour, elle décide de gagner la capitale et part à pied, mais après quelques
kilomètres, elle croise la voiture de Madame la Marquise de Grand-Air qui est
accompagné de monsieur Proey-Minans et qui est à la recherche de quelqu’un qui
puisse s’occuper de l’enfant qu’elle a adopté la petite Loulotte.
Attendrie par
la petite fille, Bécassine accepte la charge.
La
grande héroïne bretonne de Jacqueline Rivière et Émile-Joseph-Porphyre Pinchon
a fêté son 113ème anniversaire au mois de février dernier.
On ne peut pas vraiment dire qu’elle
soit toujours restée sur le devant de la scène, mais, périodiquement on la
ressort du placard et pas toujours pour de bons motifs (cf. Chantal
Goya !).
A l’origine, Bécassine était picarde et
c’est Caumery qui succéda à Jacqueline Rivière qui en fit une brave fille du
Finistère.
Et dès qu’elle devint Bretonne, en
1913, les Bretons montèrent au créneaux.
En 1939, un groupe de Bretons vint
détruire la reproduction de Bécassine au musée Grévin.
Or 1939, ce fut l’année de la première
adaptation signée Pierre Caron avec Paulette Dubost, l’année précisément où,
comme elle aimait à le répéter quand on l’interrogeait sur sa carrière, elle
tourna également La Règle du jeu de
Jean Renoir. Un grand écart cinématographique absolu !
Car, il faut bien le dire Bécassine de Pierre Caron est quand
même un nanar de première bourre qui eut un certain succès à sa sortie en 1940.
Il fut aussi, bien sûr, vilipendé en Bretagne.
L’annonce de la sortie du film de
Podalydès a fait ressortir les Bretons du bois et ils se sont, bien entendu,
unis pour pousser des cris d’orfraie… bien avant d’avoir même eu l’opportunité
de voir le film.
Or, on est ici bien loin de la gourde
qu’incarnait (fort bien du reste) Paulette Dubost, il y a presque 80 ans.
Bécassine est, certes, un peu naïve,
mais elle a l’esprit pratique et elle tient même de Géo Trouvetou, voire de
Gaston Lagaffe. Mais ses inventions à elle finissent, après quelques ratés, par
fonctionner contrairement à celles de Gaston qui provoquent systématiquement
des catastrophes.
Le film est drôle, très rythmé et
extrêmement bienveillant. Même l’escroc Rastaquoueros (incarné par le
réalisateur lui-même) revient pratiquement rendre, avec intérêt, ce qu’il avait
« emprunté ».
Madame de Grand-Air est une aristocrate
un peu dépassée, mais pas du tout la vieille peau desséchée de la BD. Tout en
restant un peu « datés », les personnages sont très intelligemment
modernisés.
L’oncle Corentin est un peu le
« Jiminy le Criquet » de Bécassine. Monsieur Proey-Minans est le
soupirant transi de madame de Grand-Air qui va lui préférer le voyou
Rastaquoueros.
Quant aux autres personnages, ce sont,
pour l’essentiel, le petit personnel de madame de Grand-Air : le maître
d’hôtel Hilarion, le chauffeur Cyprien, la cuisinière Madeleine et la bonne
Châtaigne.
Il faut dire que, pour incarner tout
ça, il y a un casting de rêve : Bruno Podalydès (Rastaquoueros), Karin
Viard (Madame de Grand-Air), Michel Vuillermoz (Oncle Corentin), Denis
Podalydès (Monsieur Proey-Minans), Jean-Noël Brouté (Hilarion), Philippe Uchan
(Cyprien), Isabelle Candelier (Madeleine) et, dans une prestation
particulièrement remarquable, Josiane Balasko en Châtaigne.
Bien entendu, on aura garde d’oublier
la superbe Emeline Bayart, inoubliable Bécassine !
Décidément, après Le Retour du héros, la comédie à la française a plutôt le vent en poupe
en ce moment.
Comme j’ai déjà eu l’occasion de
l’écrire et pour paraphraser Laetitia Bonaparte : « Pourvou que ça doure ! »
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