**
Mr Jones (L’Ombre de Staline) d’Agnieszka Holland (2019)
Gareth
Jones est conseiller pour la politique étrangère du Premier Ministre
britannique David Lloyd George.
Le jeune Gallois est également
journaliste et il a une certaine notoriété depuis qu’il a été un des rares à
avoir obtenu une interview d’Hitler dont il a, vainement, souligné la
dangerosité sans que personne ne le prenne au sérieux.
Congédié par le Premier Ministre
pour cause de restriction budgétaire, Jones reprend son premier métier et veut
tenter de réitérer son succès avec Hitler en interviewant Staline.
En se prévalant du poste de
conseiller qu’il n’occupe plus, il se rend en U.R.S.S. où il rencontre un
certain nombre de personnalités dont Walter Duranty, prix Pulitzer 1932 et
grand contempteur du petit père du peuple.
Mais sitôt arrivé à Moscou, il apprend qu’un de ses
amis, journaliste comme lui, a été assassiné en voulant enquêter sur l’Ukraine,
« grenier à grains » de l’U.R.S.S., d’où viennent des bruits inquiétants
d’une famine organisé par « le grand frère russe ».
« Holodomor »,
c’est le nom issu de l’ukrainien qui signifie « faire mourir par la
faim » et qui désigne la famine orchestré par Staline en Ukraine entre
1932 et 1933 et qui fit, selon les sources diverses, entre 2,5 et 5 millions de
victimes.
La thèse du génocide est encore
contesté par les contempteurs du Kremlin à commencer par le très stalinien tsar
de toutes les Russies, le sinistre Vladimir Vladimirovitch Poutine.
Reconnu par le Parlement Européen en
2008 au grand dam de sa majesté, le Holodomor fut nié par le pouvoir stalinien
et ses contempteurs parmi lesquels on trouve Walter Duranty, le sinistre
pisse-copie du New York Times qui réussit même à obtenir le prix
Putlitzer en 1932 pour avoir léché le cul de Staline dans une série d’articles
que le New York Times qualifia dans les années 90 comme les pires
articles que le quotidien ait jamais publier. Même après la révélation de la forfaiture
de Duranty, son prix Pulitzer ne fut jamais remis en question.
A l’inverse, Garreth Jones, jeune
« vrai » journaliste (et diplomate), se rend en Ukraine et constate
que les rumeurs de famine orchestré par le Kremlin sont effroyablement vraies.
Interdit de séjour en Union Soviétique, Jones repart en Extrême-Orient un an
après être rentré d’Ukraine. C’est en Mongolie-Intérieure qu’il est enlevé,
rançonné et finalement assassiné, la veille de son trentième anniversaire, très
probablement par les agents du NKVD.
En 1991, Oles Yanchuk
réalise Holod-33 (Famine-33) qui est le premier vrai film sur
Holodomor. Et L’Ombre de Staline aborde le même sujet vu par Gareth
Jones, le héros éponyme du titre original.
Gareth Jones et le
souvenir de Holodomor méritaient sans doute bien mieux que ce film empesé,
académique et soporifique dans sa première partie et qui devient hystérique et
mal filmé dans la deuxième qui est pourtant la plus réussie du film, celle qui
reste « quand même », la « séquence ukrainienne ».
Entièrement filmé à la
caméra à l’épaule (y compris la première partie du film) dans une couleur
merdaille censée rappeler Une journée particulière d’Ettore Scola, Holland veut donner l’impression de
vouloir tout filmer. Mais entre une insistance sur les plans qui eut été
lourdingue (et qui l’est quelquefois d’ailleurs, car certains plans
particulièrement choquants font partie de la séquence, comme celle du bébé
pleurant jeté sur un tas de cadavres ou une allusion très lourde au
cannibalisme qui fut pratiqué pendant Holodomor) et une hystérie qui se veut
pudique tout en embrassant l’ensemble de la séquence et qui, finalement, loin
de tout enjeu voyeuriste, ne montre rien et n’informe même pas, Agnieszka Holland ne sait pas opter pour un juste
milieu.
Il est un peu consternant de constater
qu’après 14 longs métrages, la cinéaste polonaise qui se réclame de son maître
Wajda ne sait toujours pas filmer.
Son cinéma a la finesse de ce qu’elle
déteste visiblement le plus, un char soviétique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire