mercredi 28 octobre 2020

Billie

 

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Billie (2020) de James Erskine

Billie Holiday meurt à 44 ans d’une infection rénale et d’un œdème pulmonaire. De plus, elle était droguée et atteinte d’une cirrhose.

Elle est considérée comme une des trois ou quatre plus grandes chanteuses de jazz et une militante pour les droits civiques.

Dans les années 70, la journaliste Linda Lipnack Kuehl commence à enregistrer des témoignages de proches de la chanteuse (200 heures) pour écrire une biographie.

Mais après avoir reçu des menaces, la journaliste meurt dans des circonstances troubles, alors que le livre est très loin d’être terminé.

En fait, Billie n’est pas seulement un documentaire sur Billie Holiday, mais aussi une enquête sur la biographie de la chanteuse que Linda Lipnak Kuehl projetais, sans insister sur le destin bizarrement tragique qui fut le sien et, principalement, sur sa fin pour le moins douteuse.

Evidemment, le documentaire filmé permet de voir et d’entendre la Grande Billie, mais aussi tous les témoins interviewés par celle qui, au bout du compte, ne fut jamais la biographe de Billie Holiday.

Il est bien dommage que la seule version de Strange Fruit que nous voyons (mais peut-être, est-ce la seule version intégralement filmée ?) ne soit pas la meilleure prestation de « Lady Day », filmée l’année précédent sa mort alors que la maladie l’a déjà fortement diminuée. C’est d’autant plus triste que Strange Fruit fut la chanson DE Billie Holiday[1], bien qu’elle soit signée Abel Meeropol qui la composa d’après son propre poème qu’il signa du pseudonyme de Lewis Allan. Et c’est cette chanson qui fit connaître Billie Holiday à l’internationale.

Ici, on entend quelques chansons, entrecoupées des fameux témoignages enregistrées par Linda Lipnak Kuehl, témoignages inédits jusqu’à ce film.

J’ai un peu regretté qu’on n’entende pas Gloomy Sunday, la version américaine de la chanson hongroise Szomorú Vasárnap (traduite en français sous le titre Sombre dimanche), chanson souvent interdite car « trop déprimante »[2].

Il faut dire que la vie de Billie Holiday est elle-même assez déprimante : née à Philadelphie d’un couple « illégitime » d’adolescents (15 et 13 ans), elle arrive à New-York à l’âge de 13 ans pour faire des ménages et se prostituer, comme sa mère.

Avec la notoriété, arrivent les gigolos, multiples et variés, qui l’habituent à l’opium et à la cocaïne, alors qu’elle est déjà alcoolique.

C’est une des qualités du film de ne pas s’étendre sur toutes ces histoires sordides, même s’il est bien obligé de les raconter.

Car il est très facile dans ce genre de documentaire (et avec la vie de Billie Holiday) de faire dans le crapoteux.

Au contraire, Billie m’a donné envie de voir (même s’il n’a pas très bonne réputation) le film de fiction de Sidney J. Furie, avec Diana Ross Lady sings the Blues, également le titre de l’autobiographie de Billie Holiday.



[1] On a même prétendu qu’elle l’avait réellement écrite.

[2] On lui attribua même la responsabilité d’une vague de suicide (comme Les Souffrances du jeune Werther de Goethe en son temps). Il semble, cependant, que cette « vague » ne soit pas avérée et qu’elle servit surtout de promotion pour la chanson.

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