samedi 3 octobre 2020

Police

 

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Police (2020) d’Anne Fontaine

Virginie est flic à Paris. Elle se rend à son travail comme tous les matins. Mais la journée est un peu particulière pour elle : elle doit prendre rendez-vous pour une I.V.G.

Aristide est un collègue de Virginie qui lui apprend qu’elle est enceinte de lui.

Erik est le plus gradé des trois. Ex-alcoolique, il est sans arrêt humilié par sa femme.

Alors que la journée se termine, ils se portent tous les trois volontaires pour une mission spéciale, accompagner à Roissy un « rejeté de l’asile politique » Tadjik qui risque la mort quand on le ramènera dans son pays.

Romanesque. C’est le mot magique pour les critiques, dès qu’un film ne semble s’intéresser qu’à une histoire privée qui n’aurait aucun rapport avec les « grands enjeux » de notre civilisation.

Ici, c’est la première moitié qui « serait » romanesque et une critique a même qualifié Omar Sy er Virginie Efira de « couple de cinéma romanesque », renvoyant du même coup le troisième personnage du trio, le grand Gregory Gadebois dans les limbes d’une sorte de beauferie qui en fait un personnage qui serait plus antipathique que « le couple romanesque ».

Or, aucun des trois n’est plus sympathique ou plus antipathique que les deux autres.

Mais Erik, d’une part, est le plus gradé et lorsque les problèmes arriveront (car ils ne manqueront pas d’arriver !), c’est sur lui que ça tombera en premier. D’autre part, il est le seul à comprendre que le Tadjik ne s’enfuira pas parce que, comme le dit Erik, « il a peur ! ». Cet homme vient d’un pays où on pratique ce qu’on appelait au sein de la « milice du maréchal », la « corvée de bois » qui consiste à faire sortir les prisonniers politiques en leur faisant croire qu’ils doivent aller « chercher du bois » pour les tirer comme des lapins dès qu’ils ont fait quelques mètres, en prétextant après qu’ils ont cherché à s’évader.

Erik l’a compris, pas ses deux collègues, ni le public, pas plus, visiblement, que les critiques. Ça a même permis à un critique peu futé de déclarer que le personnage d’Erik, le prolo, « est présenté comme le personnage le plus antipathique », face « au couple de cinéma romanesque ».

En fait, nous avons trois excellents comédiens qui interprètent trois flics, mais surtout, trois paumés, trois personnages effectivement « romanesques ».

Et tel qu’il est, sobre, triste, même assez désespéré et malgré quelques invraisemblances de scénario (comme la scène de l’avion à la fin), le film est bien meilleur que ce que j’en ai entendu.

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