mardi 20 octobre 2020

Dressé pour tuer

 

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White dog (Dressé pour tuer) de Samuel Fuller (1982)

 Un soir, Julie, jeune comédienne en mal de cachet, renverse un grand chien blanc en rentrant chez elle, dans sa maison isolée de Santa Monica.

Après avoir fait soigner le chien, elle se dispose à le rendre à ses propriétaires et met des annonces un peu partout.

Peu de temps après, un rôdeur entre chez elle et tente de la violer ; il est à moitié égorgé par le chien et arrêté par la police. Julie envisage de garder le chien.

Sur un tournage, le chien agresse violemment une collègue noire de Julie.

Elle s’aperçoit alors que son chien blanc est un « chien blanc », un chien qui a été dresser à agresser (et à tuer) les personnes noires.

Chien blanc est un roman très largement autobiographique de Romain Gary.

Aux Etats-Unis, il y a des chiens blancs « éduqués » pour sauter à la gorge des noirs par des « petits fermiers blancs », de pauvres loques humaines persuadées appartenir à une « race supérieure ». La méthode pour faire d’un chien un « chien blanc » est expliqué par Keys dans le film comme elle fut expliquée à Gary par le vrai Keys.

C’est une éducation entreprise dès le plus jeune âge du chien : le chien est battu et affamé par un noir qu’on a payé pour ça, jusqu’à développer un sentiment qu’on trouve peu chez les animaux (mais beaucoup chez les humains !), la haine.

Le film, comme le livre avant lui, raconte la « rééducation » par un noir (le fameux Keys inspiré du personnage réel) de ce chien. Mais peut-on rendre « normal » un animal qui a subi un tel conditionnement ?

Le livre parut en France en 1970 et aux États-Unis la même année. C’était l’époque de la guerre du Vietnam, des ghettos noirs, de Martin Luther King et mai 68 n’était pas loin.

Le film fut réalisé un plus de dix ans plus tard et Fuller colle moins à l’époque que Gary.

Mais il y a le style Fuller, le ton Fuller, incisif, agressif, sans concession, le réalisateur de Shock Corridor dénonce, une fois de plus, la bêtise, le racisme, cette sorte de proto-nazisme qu’on trouve chez le propriétaire « original » du chien, un taré très fier d’avoir fait de son chien « un des meilleurs » chiens blancs.

Romain Gary et son épouse Jean Seberg, très largement « classés » à gauche, avaient adopté un de ces « chiens blancs ». De cette expérience, Romain Gary écrivit un roman.

Je ne sais pas ce qu’était ce roman (certainement excellent), mais le film de Fuller est remarquable.

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