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L’Aigle à deux têtes (1947) de Jean Cocteau
La reine organise des grands bals où se rendre est une obligation pour la cour. Mais depuis la mort de son mari qu’elle adorait, elle ne s’y rend plus elle-même. Elle reste cloîtrée dans ses appartements qu’elle interdit à tous, y compris le fidèle Willenstein et même à sa nouvelle lectrice, Edith de Berg. Celle-ci a obtenu ce poste de premier plan par l’entremise de la grande duchesse, belle-mère de la reine, pour pouvoir espionner celle-ci.
Ce soir-là, dans le parc du château, la police donne la chasse à un jeune anarchiste, Stanislas, dont le dessein est d’assassiner la reine. Traqué, il se réfugie par hasard dans les appartements de sa victime désignée.
La reine est stupéfaite : Stanislas est le sosie de son défunt mari.
Jean Cocteau jouit d’une réputation qui a traversé tous les engouements et toutes les modes sans jamais s’altérer. On en vient à se demander si ce n’est pas sa vacuité qui en fait la valeur.
Ce film-ci est la quintessence du style Cocteau, sans aucun de ces petits moments de génie qui font de La Belle et la bête ou Orphée des films attachants « malgré tout ».
L’Aigle à deux têtes est pompeusement littéraire, inutilement chichiteux et platement théâtral. L’image est belle parce que surchargée… et alors !?… Quant à l’interprétation, c’est presque une catastrophe : Debucourt est mièvre, Montfort nous fait le numéro de cette fausse autorité sur laquelle reposera sa notoriété, tous ces effets dont elle abusait et qui nous paraissent tout à fait dérisoires et grotesques avec le temps. Jean Marais n’est ni meilleur ni pire que d’habitude ; il est mauvais, tout simplement. Et si ce n’est que « presque » une catastrophe, c’est qu’il y a Feuillère. Mais sa voix sublime ne se tire que très difficilement de son texte imbécile, ampoulé et ridicule. Parce qu’elle est sublime, elle sauve son rôle, mais elle ne l’est pas tout à fait assez pour sauver le film.
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