mardi 27 octobre 2020

Josep

 

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Josep (2020) d’Aurel

En février 1939, alors que l’armée républicaine espagnole est en pleine déroute, commence « La Retirada » (« La Retraite »), l’exode massif des réfugiés espagnols pourchassés par les franquistes.

Après la bienveillance des débuts de la guerre civile en 1936, les Français ont pris peur devant l’afflux massif de soldats espagnols républicains de la « Retirada » (440 000 réfugiés) et les autorités enferment ces soldats redevenus civils dans des camps qui ressemblent de plus en plus à ce qu’on appellera, quelques mois plus tard, des camps de concentration tels que les conçoivent déjà le futur envahisseur nazi.

Josep Bartoli, artiste dessinateur et peintre, est interné au camp de Rivesaltes. Il est en bute au sadisme et au racisme de deux gendarmes, Robert et Léon.

Mais il trouve aussi l’amitié d’un autre gendarme, Serge.

Des années plus tard, Serge, devenu vieux, raconte tout ça à Valentin, son petit-fils.

Au début du putsch militaire qui allait déboucher sur la guerre civile espagnole en 1936, le pouvoir français (du Front Populaire) soutint, du bout des lèvres, le gouvernement légal républicain espagnol.

Du reste, ce fut le seul pays d’Europe occidentale qui prit fait et cause pour les Républicains. Le Royaume Uni, conservateur et pleutre du peu brillant Chamberlain et du lamentable Halifax détournait les yeux et bottait en touche. Et ce n’est évidemment pas ni l’Allemagne d’Hitler, ni l’Italie de Mussolini, ni le Portugal de Salazar qui allait soutenir ce gouvernement « rouge » !

Mais ce timide soutien français ne durera même pas, bien que la France et le Royaume-Uni aient approvisionné en armes – secrètement – le clan républicain. Et bien que la population soit très partagée entre crainte et compassion vis-à-vis de cet afflux de réfugiés espagnols (tout particulièrement en 1939, pendant la Retirada), le gouvernement choisira sans état d’âme la répression.

Et pas n’importe quelle répression !

Les gendarmes et autres policiers français continuèrent à se « faire la main » sur les réfugiés de la Retirada, juste avant de collaborer « efficacement » avec « l’occupant » en lui livrant les « indésirables » (Allemands antinazis réfugiés en France juste avant la guerre, souvent Juifs bien sûr !) qu’ils avaient parqués, tout au long des années trente, dans des camps de concentration, hypocritement nommés « camp d’internement » et, pour les pauvres « internés », sinistre préambule aux camps de concentration nazis, voire aux camps d’extermination.

Et dans Josep, le camp de Rivesaltes est présenté pour ce qu’il était, un camp de concentration. Les gardes se substituant aux SS sont ici deux gendarmes que le graphisme rend quelque peu porcins et qui sont, de surcroit, des beaufs parfaitement sadiques, ce qui permet de les rendre odieux sans que ça puisse paraître « trop ».

On pense à la merveilleuse Jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach.

C’est la force de l’animation de ce genre de films, des dessins animés qui ne sont pas des « Petits Mickey » : elle rend supportable et beau ce qu’on ne supporte pas dans les autres films. Elle permet aussi toutes les inventions scénaristiques, comme cette présence onirique de Frida Kahlo[1]

Autre atout et non des moindres, la qualité du doublage : Sergi Lopez (Josep), Bruno Solo (Serge, jeune), Gérard Hernandez (Serge, vieux), Alain Cauchi, François Morel, Valérie Lemercier…

Josep nous raconte, sur fond de tragédie historique, une belle histoire d’amitié (entre Josep et Serge), d’« amitié filiale » (entre Serge et son petit-fils Valentin) et surtout, entre ces deux-là de transmission de valeurs à la fois humaines et artistiques.

Une grande et belle œuvre qu’il faut absolument avoir vu !

 

 

 



[1] Mais est-ce vraiment onirique ? La peintre mexicaine était bien en France à cette époque-là, mais à Paris.

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