L’Âge de monsieur est avancé

 

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L’Âge de monsieur est avancé (1987) de Pierre Etaix

La représentation va commencer. Le régisseur frappe les trois coups et le rideau se lève. Le comédien est assis à « son » bureau : il écrit le début de la pièce que nous allons voir. Quelqu’un téléphone pour lui demander le titre de la pièce, mais il ne le connaît pas puisqu’il vient seulement d’écrire le début de la pièce. Il est donc obligé de demander à Roger, le régisseur, le titre de sa pièce : « L’Âge de monsieur est avancé », titre que le comédien-auteur juge idiot.

C’est alors que sa femme Suzanne arrive. Après quelques répliques, elle a oublié son texte et commence à improviser en reprochant à son « mari »-comédien-auteur de s’être donné le beau rôle en la confinant, elle, dans son emploi de faire-valoir.

C’est maintenant Suzanne qui va écrire la pièce.

Après avoir été fêté et flatté, puis dénigré et vilipendé, Sacha Guitry est à présent réhabilité et admiré. Son succès, sa disgrâce et l’hommage dont il fait aujourd’hui l’objet furent excessifs. Spirituel et vain, maniant le calembour et le sophisme pour en faire une philosophie de boudoir (et non de comptoir, ce qui est déjà bien), Sacha Guitry, drôle, plaisant, crispant, irrésistible a toujours été réputé inimitable.

Pierre Etaix a donc relevé le défi. Et la réussite est parfaite, sans qui lui ait été besoin de se draper, comme son modèle, dans les certitudes de la chose jugée et d’une profondeur puisée dans l’exécrable « sagesse des nations ». L’unique sujet de la pièce, c’est la pièce elle-même. Et c’est ainsi qu’Etaix remet Guitry à sa vraie place tout à la fois en le pastichant et en lui rendant hommage. Il bénéficie de la complicité de ses deux très grands co-interprètes, Nicole Calfan et Jean Carmet. C’est superbe !