lundi 22 août 2022

Le Diable n’existe pas

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Sheytân vodjoud nadârad (شیطان وجود ندارد) (Le Diable n’existe pas )

de Mohammad Rasoulof (2020)

Le diable n'existe pas : Comme tout le monde, Heshmat se rend tous les matins à son travail. Heshmat est un mari et un père au-dessus de tout éloge. Mais son travail est un peu particulier…

Elle a dit : tu peux le faire : Pouya, un jeune homme qui fait son service militaire dans une prison refuse d’obéir à un ordre précis. Aidé par sa fiancée, il réussit à s’évader de la prison…

Anniversaire : Javad réussit à avoir une permission pour aller rendre visite à sa fiancée qui fête son anniversaire. Il souhaite profiter de l’occasion pour demander la jeune fille en mariage. Mais il s’aperçoit lorsqu’il arrive qu’un lien particulier l’unit à cette famille qui est en deuil…

Embrasse-moi : Bahram et sa femme Zaman vivent à la campagne. Bahram était médecin, mais il n’a plus le droit de pratiquer. Ils reçoivent Darya, la fille d’un ami de Bahram qui vit en Allemagne. Darya ne comprend pas pourquoi Bahram ne pratique plus. En fait, Darya est la fille de Bahram…

En Iran, un conscrit peut obtenir 3 jours de permission s’il consent à pendre un condamné ou très exactement, à pousser le tabouret sous les pieds du pendu.

 Et tout ce très grand film (encore un grand film iranien !) tourne autour de ce simple geste, un geste anodin qui transforme n’importe quel « brave homme » en bourreau.

 En quatre parties distinctes, la condition de bourreau, professionnel ou occasionnel, est ausculté sans fioriture, sans pathos et sans compromis.

 Dans la première partie, nous voyons la vie d’un « brave homme », précisément, bon père et bon époux jusqu’au plan « de chute » final.

 Pouya, le héros de la deuxième partie, qui, lui, refuse et s’enfuit, n’est-il pas Bahram, le héros de la quatrième partie, ce médecin qui, par ce refus, a « jeté le déshonneur sur les siens » et provoqué la mort de sa première femme (celle qui l’a aidé à s’enfuir).

 La troisième partie nous renvoie au Broken Lullaby d’Ernst Lubitsch dont François Ozon tira un « suspense » un peu bête, Frantz : un jeune homme découvre que c’est lui qui, pour obtenir une permission de 3 jours qui lui a permis de venir voir sa fiancée, a « accompli » le geste qui plonge sa « future belle-famille » dans le deuil.

 Et la question se pose de la responsabilité de celui qui, sur ordre formel, a accompli l’irréparable. Presque tous les procès de Nuremberg tourne autour de cette responsabilité : le fameux « J’avais des ordres » qui nous interroge tous…

 Nous n’avons plus de peine de mort en France depuis plus de 40 ans.

Mais un film comme celui-ci nous interpelle quand même, un film superbe… mais terrifiant !

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