samedi 6 août 2022

Blancanieves

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Blancanieves (2012) de Pablo Berger

 Au début des années 20, dans le sud de l’Espagne, le torero Antonio Villalta est l’époux de Carmen de Triana qui vient assister à la corrida. Elle est enceinte presque à terme.

Mais don Villalta se fait encorner et Carmen, bouleversée, accouche en urgence et meurt en couches. La petite Carmencita, que son père rejette, est élevée avec amour par sa grand-mère maternelle Doña Concha.

Don Villalta, paralysé, épouse Encarna, une infirmière fourbe attirée par la grande fortune de l’ex-torero.

Lorsque Doña Concha meurt, Carmencita doit se rendre chez son père qui est paralysé et entièrement sous la coupe d’Encarna qui va traiter la petite fille comme la dernière de domestiques.

Elle lui interdit formellement l’accès à l’étage de la grande maison où vit le père de la petite fille.

Deux ans après la sortie française de The Artist, on était en droit de se méfier d’un film muet en noir et blanc.

Le film d’Hazanavicius ne mérite ni l’opprobre de certains, ni (encore bien moins) l’oscar des autres, oscar qu’il obtint grâce au lobbying efficace de son distributeur aux Etats-Unis (je ne sache pas que le petit Langman ait eu le bras si long).

Néanmoins, le film n’était qu’un exercice appliqué reconstituant l’époque du cinéma muet hollywoodien. Certains détails étaient tout à la fois anachroniques et vieux jeu.

Blancanieves, c’est tout le contraire : ce sont les contingences des films de l’époque où se situe le film (les années 20), appliquées à un film d’aujourd’hui. Car si on veut bien regarder au-delà de la gageure technique (le noir et blanc, le muet), le film est d’une étonnante modernité et l’histoire nous est racontée dans une mise en scène éblouissante et dans une interprétation qui l’est tout autant avec un casting qui joue le jeu du muet hors de toute caricature grimaçante (ce dont The Artist n’était pas exempt).

On revoit avec émotion Angela Molina, grand-mère de l’héroïne. Daniel Gimenez-Cacho est Villalta. La grand-mère, le père et les six nains (pourquoi n’y en-a-t-il que six !?) sont superbes. Sofia Oria et Marcarena Garcia incarnent l’héroïne la première enfant, la deuxième jeune fille : elles se ressemblent et sont aussi belles que talentueuses. Mais celle qui domine le film, c’est Maribel Verdù, la méchante, la marâtre qui adopte tout le long du film un expressionnisme assez typique du cinéma muet et tout en nuance dans le même temps.

La musique d’Alfonso de Vilallonga est grandiose et emphatique juste ce qu’il faut : elle ne s’arrête à aucun moment et ne lasse pas.

Enfin, bien sûr, le plus remarquable, c’est la photographie de Kiko de la Rica. Nestor Almendros disait : « Le noir et blanc, d'entrée est plus élégant, on ne peut pas être de mauvais goût en noir et blanc, il n'y a pas de vulgarité comme avec la couleur, c'est comme un smoking, on ne peut pas être plus pure et plus simple… »

Et c’est vrai que c’est beau, le noir et blanc !!!

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