jeudi 18 août 2022

La Révolution silencieuse

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Das Schweigende Klassenzimmer (La Révolution silencieuse) de Lars Kraume (2018)

En 1956, Theo, Kurt, Erik et Paul vivent à Stalinstadt dans la banlieue de Berlin-Est.

Theo et Kurt vont souvent à Berlin-Ouest sous le prétexte de fleurir la tombe du grand-père de Kurt. Bien entendu, ils en profitent pour aller au cinéma et c’est là qu’ils apprennent ce que l’Ouest pense de l’insurrection de Budapest dont on parle, bien évidemment fort peu à l’Est.

Souvent, les étudiants de leur classe vont écouter les radios de l’ouest chez « l’oncle Edgar », un vieil homme solitaire et homosexuel.

Kurt propose à tous ses camarades et faire une minute de silence, en hommage à la population de Budapest, pendant le cours d’histoire.

Et cette minute de silence va provoquer un véritable cataclysme.

Depuis La Vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck en 2016 et, dans une moindre mesure, Goodbye Lenin de Wolfgang Becker en 2003 jusqu’à Barbara de Christian Petzold en 2012, le 21ème siècle de l’Allemagne unifiée se penche sur la période « rideau de fer » dans ce qui était la République Démocratique d’Allemagne avec ses espions, sa sinistre STASI et ses corbeaux en tous genres.

La Vie des autres reste LA référence, car le film est effectivement un grand film. Barbara, sans atteindre ce niveau, est un film excellent. Goodbye Lenin peut difficilement leur être comparé, d’une part parce que c’est une comédie, ensuite parce que c’est un film qui n’a rien de politique et surtout parce qu’il ne possède en rien les qualités des deux autres. Dans Goodbye Lenin, tout était lourdingue et largement surligné.

C’est aussi un peu le gros problème de La Révolution silencieuse qui n’est certes pas une comédie, mais qui est un peu épais comme plaidoyer anti-dictature.

Il y a relativement peu de temps, dans Le Masque et la plume, un des critiques disait qu’il faudrait interdire les films réalisés « d’après une histoire vraie ».

Et, pour le coup, c’est vrai. Car, à partir du moment où vous vous trouvez dédouané d’avoir « raconté n’importe quoi », vous arrangez tout à la sauce que vous voulez à coup d’effets de réalisation très appuyés et, tout-de-même, de petites inexactitudes qui vont, peu à peu, vous amener à avoir largement trahi « l’histoire vraie » qui était votre point de départ.

L’exemple auquel on pense toujours au niveau de la dialectique au cinéma, c’est, bien sûr, Lettres de Sibérie de Chris Marker.

Le film est assez « prenant », on ne s’ennuie pas une seule seconde (ce qui est déjà bien) et le casting est parfait que ce soit chez les jeunes (Leonard Scheicher, Tom Gramenz, Lena Klenke, Jonas Bassler, Isaiah Michalski) ou chez les « adultes » (Ronald Zehrfeld – vu dans Fritz Bauer, Lena ou Phœnix –, Max Hopp, Judith Engel). On retient particulièrement de ce casting Jöddis Triebel dans le rôle de madame Kessler, « inspectrice d’éducation » qui fait plutôt penser à un agent de la STASI. L’actrice est impressionnante de finesse dans un rôle pourtant surchargé.

Ce n’est donc pas un mauvais film : c’est juste un peu épais !

 

 

 

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