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Adieu monsieur Haffmann (2021) de Fred Cavayé
François Mercier est employé chez le joaillier Joseph Haffmann. Mais nous sommes en 1941 et monsieur Haffmann est juif.
Après avoir expédié sa femme et son fils en province, il propose un étrange marché à François : il va « vendre » sa bijouterie pour l’aryaniser à son apprenti et partir rejoindre sa femme.
Mais Joseph, en raison des contrôles renforcés, ne peut plus partir et il se retrouve caché dans sa propre cave, contraint de travailler pour son ex-employé.
Pendant ce temps, François vit avec sa femme Blanche dans les meubles de son ex-patron et commence à travailler pour un officier allemand.
Comment fabrique-t-on un salaud ?
Ici, il y a tous les ingrédients. L’époque tout d’abord : la fin de la troisième République (la « Divine surprise » pour Charles Maurras), la défaite, l’arrivée d’un envahisseur et de son idéologie mortifère au pouvoir, la plus ignoble jamais conçue de l’avis unanime et la revanche de tous les frustrés de la politique : tout le monde politique français de droite cantonné à une opposition muselée alors que ses voisins européens étaient tous au pouvoir.
Car l’époque est l’ingrédient le plus important dans cette « fabrication d’un salaud ».
De plus, François Mercier souffre d’un complexe de déclassé : il est handicapé, c’est un artiste incompris et, amoureux fou de sa femme, il se sent « verre de terre amoureux d’une étoile ».
Ici, la transformation du brave type en sale type est un peu rapide et le « châtiment » est tout aussi expéditif que le « crime ». Il faut dire qu’un François Mercier avec ses problèmes dans une période pareille, c’est une grenade dégoupillée !
Daniel Auteuil est très bien, mais ce sont Gilles Lellouche et Sara Giraudeau qui emportent le morceau dans des rôles difficiles.
Fred Cavayé ne fait pas les pieds au mur avec sa caméra. Sa mise en scène est sobre, sans afféterie, ce que d’aucuns qualifieraient de « plate ».
Pourtant, avec son décor presqu’unique, son image grisailleuse et son ambiance poisseuse, il réussit un film d’atmosphère et, au bout du compte, c’est ça qui est important.
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