La Révélation

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Sturm (La Révélation) de Hans-Christian Schmid (2009)

 Hannah Maynard est procureur au T.P.I. de La Haye, chargé de juger les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en ex-Yougoslavie. Le procès qui occupe Hannah est celui de Goran Duric, ex-officier serbe et candidat à la présidence de la Serbie, très populaire dans son pays.

Hannah ne dispose que d’un seul témoignage prouvant le rôle actif de Duric dans la déportation d’un groupe de femmes qu’on n’a jamais revues. Mais l’avocat de la défense réussit à prouver que le témoin, Alex Hajsarevic, ne pouvait pas voir ce qu’il a décrit. Tout le procès est remis en question et le témoin se suicide.

A l’occasion de ses funérailles, Hannah rencontre la sœurd’Alex, Mina Arendt qui a refait sa vie en Allemagne. Elle est mariée et a un fils. Elle n’évoque jamais ce qu’elle a vécu et subi et c’est pour elle que son frère a fait son faux témoignage.

Hannah réussit à la convaincre de témoigner contre Duric.

Les hasards de l’actualité voulurent que Radovan Karadzic fût arrêté et transféré au T.P.I.Y. juste avant le tournage de La Révélation. Après la mort de Milosevic en prison, il ne reste plus que Mladic qui soit encore libre et pourchassé par le T.P.I.Y. pour crimes contre l’humanité.

Le T.P.I. est une instance internationale reconnue, habilitée à demander des comptes à tout un chacun, mais qui, ne disposant pas d’un service de police, est, en réalité, tributaire du bon vouloir non seulement de gouvernements souvent peu enclins à remuer de « vieilles histoires » dont ils ont parfois été les protagonistes (et pas toujours très glorieux), mais également des forces de l’ordre qui ont des choses à cacher.

Il y a tout cela dans La Révélation puisqu’on sait qu’en ex-Yougoslavie, en ce qui concerne la Serbie (mais pas seulement !), certains des criminels recherchés sont considérés « localement » comme des héros. Hannah Maynard, procureur du T.P.I., sera physiquement agressée, histoire de bien lui faire comprendre que, non seulement, elle n’est pas la bienvenue, mais que son immunité internationale ne la protège pas, alors que « son témoin » Mira est menacée.

De plus, le T.P.I. doit souvent lutter contre d’autres pressions : ici, la communauté européenne verrait d’un assez bon œil la candidature de Duric à la présidence de la république serbe et l’acharnement que met Hannah à le poursuivre est, pour le moins gênante. D’autant que la vie privée d’Hannah consiste en quelques cinq-à-sept avec un membre du parlement européen qui fera pression sur elle pour qu’elle abandonne les poursuites.

Le film est réalisé comme un « thriller sans effets » : pas de musique à nous faire décoller du fauteuil, pas de poursuite, pas de crise d’hystérie. Juste le regard buté de deux femmes, sinon amies, du moins alliées, qui iront jusqu’au bout. La mise en scène est froide, distancée et c’est ainsi qu’elle nous plonge au cœur du drame.

Évidemment, pour ce genre de film, il fallait deux interprètes d’exception et le film les a : Kerry Fox (Hannah) et Annamaria Marinca (Mira) sont magnifiques.