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La Tortue rouge (2016) de Michael Dudok de Wit
Un homme arrive sur une île totalement déserte. Il n’y a que la plage, une immense forêt et des crabes.
L’homme se fabrique un radeau qu’il met à l’eau, mais qui ne l’emmènera pas loin, car « quelque chose » brise le radeau depuis le fond.
De retour sur l’île, l’homme fabrique un deuxième radeau qui subit le même sort.
C’est au troisième radeau que l’homme découvre que son « agresseur » est une tortue géante à la carapace rouge.
Peu après le retour de l’homme sur l’île, la tortue arrive à son tour.
C’est juste l’histoire d’une vie : un homme tente d’échapper à un destin qui semble tout tracé. On l’en empêche. Et il connaîtra le bonheur avec ce destin qui devait, finalement, être le sien.
Il aura une compagne, un enfant qui, le jour venu, partira vers son propre destin, une autre île, probablement. Alors l’homme vieillira avec sa compagne et lorsque sa vie sera finie, les choses redeviendront ce qu’elles étaient avant lui.
C’est d’une simplicité biblique et c’est magnifique.
César du meilleur court-métrage pour son tout premier film en 1994, Michael Dudok de Wit a été contacté par les studios Ghilbi qui lui ont laissé une totale liberté de temps et de moyens pour son premier long métrage La Tortue rouge.
Et cette collaboration est le fruit de 11 années d’échange et de pourparlers entre les studios japonais et le réalisateur-dessinateur belge.
Michael Dudok de Wit a travaillé sur cette histoire pendant six ans avec sa co-scénariste Pascale Ferran. Le travail de dessins et d’animation a pris ensuite deux années.
Mais le résultat est là : la collaboration entre Michael Dudok de Wit, Pascal Ferran et Isao Takata fait merveille dans un film sans une phrase de dialogue, mais où tout est très clair.
Et la réussite est parfaite pour le réalisateur qui voulait « faire un film où on sent la simplicité et la pureté ».
Bien sûr, pour suppléer au manque de dialogue, la musique est très expressive et d’un lyrisme qui emporte le spectateur.
L’image joue admirablement de la lumière et d’une texture « mélangée » pour le dessin dans une histoire aussi simple et naturelle que ce que contient ce dessin, mise à part une bouteille, seul objet fabriqué et qui arrive « d’un autre monde ». Et ce naturel donne paradoxalement un côté magique et mystérieux que renforce encore le mélange de dessin « numérique » et de fusain.
Et c’est le réalisateur lui-même qui nous explique le choix d’une tortue : « La Tortue de mer est solitaire, paisible et elle disparaît pendant de longues périodes dans l’océan infini. Elle donne l’impression d’être proche de l’immortalité ! »
La Tortue rouge est un film magique.
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