mercredi 24 août 2022

Petit paysan

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Petit paysan (2017) d’Hubert Charuel

Pierre est un jeune paysan. Il élève des vaches laitières dans sa ferme du Nord.

Mais de l’autre côté de la frontière belge, on parle de plus en plus d’une épidémie, une fièvre hémorragique qui frappe les bovins.

Pascale, la sœur de Pierre, est la vétérinaire du coin.

En s’occupant de ses vaches, Pierre s’aperçoit que l’une d’entre elles est infectée. Il la tue et emporte le cadavre pour le brûler.

Mais au regard des contrôles vétérinaires, il manque une vache à son cheptel.

« Quel métier de merde ! ».

De nos jours, c’est ce qu’on pense du métier d’agriculteur.

Ceux qu’on appelait les paysans se lèvent tôt, travaillent comme des malades, finissent tard le soir, ne prennent pas de vacances et n’ont très souvent même pas les moyens de se payer. Comme ils sont, en plus, criblés de dettes pour avoir modernisé leurs exploitations au nom de la sacro-sainte « compétitivité », il se sentent très facilement pris à la gorge et ça finit très souvent très mal.

Ici, ça ne finit pas très bien non plus.

A cause d’une saloperie microscopique, la vie du « Petit paysan » va basculer dans un chaos qui l’amène à une fuite en avant qui ne peut que mal finir.

Et tout le film, c’est cette fuite en avant : Pierre est entraîné dans une spirale. Et chacune de ses actions, de plus en plus maladroite, ne peut que le porter à l’action suivante, plus nocive encore.

Par la subtilité de son scénario et la fluidité de sa mise en scène, Petit paysan est impressionnant.

Hubert Charuel se hisse d’ores et déjà dans la catégorie des jeunes réalisateurs qui, pour leur coup d’essai, réalise un coup de maître.

Il faut dire qu’il sait de quoi il parle : il a quitté ses vaches laitières pour entrer à la FEMIS.

Si son film est, en réalité, très militant, il a l’intelligence de n’en rien laisser paraître. Tout ce qui compte pour le spectateur, c’est ce que va faire Pierre et comme tout ce qu’il fait se retourne contre lui, comment va-t-il s’en sortir ?…

Jean-Paul et Paul Charuel respectivement père et grand-père du réalisateur interprètent respectivement le père de Pierre et son voisin. Bouli Lanners est très bon, comme toujours, dans un rôle très épisodique. Isabelle Candelier (superbe) et Sara Giraudeau sont la mère et la sœur de Pierre ; cette dernière étant vétérinaire, elle est le deuxième grand-rôle du film et elle est remarquable.

Evidemment, Swann Arlaud est une grande révélation, mais pas tout à fait un débutant puisqu’il a débuté dans un téléfilm à l’âge de 9 ans alors qu’il en a 35 aujourd’hui.

En plus d’être un bon scénariste et un metteur en scène talentueux, Hubert Charuel est un excellent directeur d’acteurs.

C’est pratiquement un sans-faute.

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