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Persischstunden (Uroki farsi - Уроки фарсиen) (Les Leçons persanes)
de Vadim Perelman (2020)
En 1942, Gilles, fils d’un rabbin d’Anvers, fuit vers la Suisse et se fait arrêter par la Gestapo en France. Juste après avoir échangé la moitié d’un sandwich contre un livre rédigé en farsi, Gilles assiste à l’assassinat de tous ses compagnons d’infortune.
Il réussit à se faire entendre lorsqu’il prétend ne pas être juif, mais persan, preuve à l’appui (le livre).
Il est emmené dans un camp de concentration voisin dont le commandant Koch, veut après la guerre ouvrir un restaurant à Téhéran.
Gilles va donc bénéficier d’un régime de faveur à condition d’enseigner la langue perse à Koch.
Mais il doit le faire sans papier et sans rien pour noter, en ne comptant que sur sa mémoire.
Tout le monde est tombé sur ce malheureux film !
Bien sûr, on a évoqué, une fois de plus, les mânes de Jacques Rivette et de son très célèbre article De l’abjection à propos du film de Gillo Pontecorvo Kapo.
Et cette admonestation « rivettienne » est toujours brandie par la critique bien-pensante comme un crucifix serait brandie par un inquisiteur de la Renaissance dès qu’un film « qu’on aime pas » a pour cadre les camps de concentration nazi et la Shoah.
Gillo Pontecorvo a réalisé son film en 1960 et Rivette écrit son article l’année suivante, soit respectivement, 15 et 16 ans après la fin de la guerre et la découverte pour le grand public de ce que furent les camps de la mort, alors que toute personne adulte avait connu l’occupation.
Bref, au nom de ces sacro-saints principes, il est très difficile – et, curieusement, encore plus aujourd’hui qu’il y a soixante ans ! – d’aborder tout ce qui touche, de près ou de loin, à la Shoah.
Certes, le film de Perelman est loin d’être bon et souffre d’une réalisation académique, mais à entendre certains critiques (et même la grande majorité de la critique), le film serait un film déshonorant, une faute, et Vadim Perelman se serait pris pour un grand cuisinier, alors qu’il n’aurait été « qu’un cuistot de routier qui n’a aucun talent » comme l’a dit un critique particulièrement haineux.
Soyons clair, ce petit film sans importance est truffé de fautes de mise en scène et de fautes de goût tout simplement.
Ce qui pêche le plus, évidemment, c’est la vraisemblance, bien que le film soit adapté d’une pièce radiophonique qui réussissait, je suppose, à rendre cette histoire plausible.
Mais il y a tout-de-même une idée assez habile qui donne une morale à cette histoire assez glauque, c’est celle de Gilles utilisant le nom des assassinés comme autant de mots « persans » que lui-même est obligé de retenir. Ce pseudo-« farsi » que le jeune Juif a « enseigné » au nazi vaudra sa perte à celui-ci et la reconnaissance des Juifs assassinés par celui-là, lorsqu’il fera un rapport précis aux Alliés à la libération du camp.
Les seconds rôles sont presque uniformément mauvais, mais les deux interprètes principaux sont de grands comédiens d’exception, Nahuel Perez Biscayart et Lars Edinger.
Alors ce film méritait-il autant de haine ? Je ne crois pas.
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