mardi 23 août 2022

Une jeune fille qui va bien

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Une jeune fille qui va bien (2021) de Sandrine Kiberlain

Irène a 19 ans et ne rêve que de théâtre. Elle prépare le concours d’entrée au conservatoire.

Elle vit à Paris entre son père, sa grand-mère et son frère Igor. Et elle répète d’arrache-pied une scène de L’Épreuve de Marivaux.

Mais son père reçoit une lettre officielle l’avisant du fait que sa fille ne pourra pas passer les concours, une lettre qu’il lui cache.

Car Irène est juive et nous sommes en 1942.

Pendant tout le film, Irène se trimballe un Marivaux de la collection des « classiques » de Larousse des années 50-60… en 1942 : ce n’est qu’un détail, mais c’est à l’image du reste de ce film pas très réussi, truffé d’âneries anachroniques qui rendent le récit plus que ridicule ou grotesque, franchement obscène.

Et c’est là que le bât blesse ! Car il est toujours très délicat d’évoquer cette période noire de l’occupation, tout particulièrement au sein d’une famille juive au sein de laquelle seul le père semble avoir (très vaguement) conscience de ce qu’il se passe.

Telle que décrite ici, c’est une époque où on pouvait trouver de belles baguettes « tradis » bien dorées alignées dans une boulangerie et où une jeune fille de 19 ans demandait à sa grand-mère comment avait commencé sa vie sexuelle, etc…

En fait, Sandrine Kiberlain se raconte et raconte sa jeunesse dans les années 90. Mais dans le même temps, elle veut évoquer « sa judéité »[1]. Donc, elle « déplace » sa propre jeunesse en 1942 jusqu’au « twist » final dans lequel l’héroïne (ce n’est pas montré, mais on le sait) va basculer dans la tragédie, ce qu’on voit avec ce plan d’India Hair qui prend aux tripes.

Dans Merci la vie (1991), Bertrand Blier faisait dire à un de ses personnages que, dans un film, « il ne peut y avoir en même temps la Shoah et le sida »[2]

Ici, c’est juste gênant d’autant que, pour un film d’actrice, la direction d’acteurs semble totalement absente puisque tous les acteurs ont toujours… l’air de jouer, à l’exception notable d’India Hair qui est vraiment très bien et peut-être la seule convaincante.

Pour ce qui est de Rebecca Marder que j’avais déjà « négativement » remarqué dans la lamentable Rafle de Rose Bösch, ses minauderies sont ici franchement insupportables.

Décidément, on prend vraiment n’importe qui à la Comédie Française !



[1] C’est très tendance chez toute personne un peu connue qui a une ascendance juive, même lointaine !

[2] Le film de Blier faisait, comme ça lui arrivait fréquemment, se télescoper les époques, mais il avait pour ça un certain… savoir-faire !

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