vendredi 27 novembre 2020

Waste Land

 

****

Waste Land (2010) de Lucy Walker

 Jardim Gramacho est la plus grande décharge à ciel ouvert du monde et se situe dans la banlieue de Rio de Janeiro.

Vik Munz, artiste brésilien très côté, mais qui naquit pauvre à Sao Paulo, est venu pendant trois ans vivre au milieu de Jardim Granacho : c’est là qu’il nous fait rencontrer Fabio, Isis, Sebastiao, Valter, Leide Suelem et Tiao.

Ce sont tous des « catadores », des récupérateurs de déchets recyclables, Vik les fait participer à une série d’œuvres d’art qui, tout au long de leurs gestations, vont changer le projet en impliquant plus ses participants.

Vik Muniz est né pauvre et devenu très riche. Bien sûr, il « n’était que » fils d’ouvriers, ce qui, au Brésil est la classe moyenne inférieure, sans aucune commune mesure avec ceux qui gagnent (honnêtement) leurs vies en revendant les rebuts « recyclables ». D’autres, du même milieu, vivront (moins honnêtement) de prostitution ou de trafics, de drogues ou d’armes, en général.

Eux ont choisi le « moindre mal ». Comme le rappelle Vik, ses propres amis d’enfance sont tous morts.

Et Vik fait de ces « catadores » à la fois les « sujets » et les « artistes » puisque c’est à partir des photos d’eux-mêmes que Vik a prises qu’ils vont eux-mêmes « se pixelliser » (en quelques sortes) avec les matériaux hétéroclites qu’ils ont ramassés.

Le résultat est stupéfiant.

Une fois de plus, certains critiques (qui feraient peut-être mieux de changer de métier) n’ont rien compris qui ont écrit que « il n’y a pas […] de style très personnel dans la mise en scène » alors que d’autres (pas plus inspirés !) parlent de « malaise causé par cette spectaculaire entreprise d’autosatisfaction faite sur le dos de la misère du monde. ». Soyons justes, ces réactions imbéciles sont assez minoritaires.

En réalité, il y a tout, y compris l’ambigüité à faire cohabiter le fric insolent des marchands (et des acheteurs) d’art et la misère des « catadores ». C’est bel et bien montré, mais ce n’est pas surligné.

Et l’œuvre d’art sera assumée et même sublimée pas ces gens dont on se sent si proches et dont la vie entière, la solidarité des uns aux autres, les liens familiaux nous mettent en empathie complète avec eux.

On les aime et on les admire. C’est exactement le contraire de la commisération compassée des possédants, des Mères Tereza, bref de tous ceux qui joue « la foi, l’espérance et la charité » pour se rassurer sur leur (pseudo-)supériorité de nantis.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire