vendredi 13 novembre 2020

Week-ends

 

****

Week-ends (2014) d’Anne Vilacèque

Ils sont deux couples : Jean et Christine, Ulrich et Sylvette. Il y a trente ans, ils ont acheté deux maisons voisines dans un petit village près d’Etretat. Ils s’y retrouvent pour les vacances et pour les week-ends, avec leurs deux filles prénommées Charlotte toutes les deux.

Mais cette année, tout a mal commencé pour Christine. Tout d’abord, elle a une altercation extrêmement désagréable avec une femme très agressive sur le parking du supermarché.

L’épisode lui reste un peu sur l’estomac.

Le lendemain matin, sans autre explication, Jean lui annonce qu’il la quitte.

Et il ne se passera pas grand-chose d’autre.

Jean reviendra à la maison avec sa nouvelle femme, Pascale, puis, de nouveau, avec Christine.

Entretemps, Christine aura bien plombé toutes les ambiances possibles avec son grand malheur et leurs amis Sylvette et Ulrich se seront un peu éloignés : de Jean pour rester fidèle à Christine et de Christine parce qu’elle va durablement emmerder tout le monde (mais ça n’est jamais dit explicitement par qui que ce soit dans le film), mais peut-être aussi et surtout parce que tout le monde considère de façon irrationnelle que le malheur, c’est contagieux !

Anne Villacèque, dans une mise en scène très fluide, sait réaliser comme personne le malaise : depuis la scène d’ouverture avec cette femme qui semble un peu détraquée jusqu’à « l’hystérie du bonheur » de Christine à la fin en passant par la gêne qu’occasionne la venue, pourtant discrète, de Pascale, sa non-acceptation par Sylvette, le harcèlement que fait subir Christine à tout le monde, mais surtout à Jean, sans oublier cette fabuleuse scène entre Jean, complètement nu (à tous points de vue), et Ulrich qui ne peut rien pour calmer l’angoisse de son ami.

La réalisatrice filme sur le fil et il ne faudrait pas grand-chose pour que ça parte en vrille dans le graveleux, dans le grotesque ou dans le ridicule. Mais le film ne verse jamais. Et quel beau film, avec ses moments d’émotion comme la scène d’Ulrich chantant Où sont tous mes amants ? à sa fille en s’accompagnant à l’accordéon.

Evidemment, un tel film repose sur les comédiens et si Karin Viard est la plus impressionnante parce qu’elle a le rôle le plus riche, on ne peut qu’admirer les autres pour leur jeu discret et efficace : Noémie Lvovsky, Jacques Gamblin, Ulrich Tukur et Aurelia Petit (dans le rôle difficile et ingrat de Pascale), ainsi que Ilana Zabeth (la Charlotte de Sylvette et Ulrich) et Gisèle Casadesus (la mère de Sylvette, sourde et férue de poésie).

On peut encore faire des films où il ne se passe rien que de très banal avec de tels comédiens et une superbe réalisation comme celle d’Anne Vilacèque.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire