vendredi 20 novembre 2020

We Need to Talk About Kevin

 

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We Need to Talk About Kevin (2011) de Lynne Ramsay

 Eva vit seule dans une maison délabrée, régulièrement aspergée de peinture rouge. Tout le monde semble détester Eva, y compris son fils Kevin qu’elle va voir le dimanche en prison.

Mais si tout le monde déteste Eva, c’est à cause de ce qu’a fait Kevin, le jour de ses seize ans.

Dès sa naissance, Kevin a fait de la vie de sa mère un enfer.

Un critique a écrit de ce film pour le vanter « Attention, film méchant ! ». Et un autre, toujours élogieux, s’ébahit sur le fait que le film « laisse le spectateur s’interroger jusqu’au bout sur les racines du mal qui ronge l’adolescent ».

Un autre qui ferait sans doute mieux de changer de métier pérore : « C’est du Haneke sans la lourdeur démonstrative et la morale de maton ».

Décryptons : « Film méchant », oui, mais pourquoi et pourquoi faire ? « S’interroger sur les racines du mal », ça, c’est de la morale de maton !!! Le film ne s’interroge sur rien du tout, il nous impose la vision d’un « enfant vicieux » comme on disait il n’y a pas si longtemps ou, mieux encore, d’un enfant « foncièrement mauvais ».

Quant à l’allusion à Haneke et, je suppose, à son Ruban blanc, c’est oublier un peu vite, jeune homme, que les enfants du Ruban blanc ne sont (encore) coupables de rien, mais que leur (future) « perversion » sera très exactement le résultat d’une éducation « à la Prussienne » (et passablement curetonne) qui fera quelques dégâts quelques années plus tard, très exactement entre 1933 et 1945.

Ici, nous avons un enfant, puis un adolescent qui, très probablement, hait sa mère et veut faire de sa vie un enfer, quitte à rendre la sienne propre également infernale. Malheureusement, le style chichiteux, « crâneur et condescendant » (selon un autre critique un peu plus inspiré que ses collègues.) de Lynne Ramsay nous impose une sorte de vision simpliste d’un individu « né mauvais ».

Et ce genre d’idéologie malsaine est égrené dans un film prétentieux.

Un autre critique parle d’un mauvais remake de Damien : la malédiction 2. Ce n’est pas faux, mais Damien avait au moins « l’excuse » d’être l’Antéchrist, fils de Satan.

Quant à Tilda Swinton (dont on n’a pas le droit de dire du mal sous peine d’excommunication), on a quand même envie pendant tout le film (je vous prie de pardonner la trivialité du style !), sinon de lui latter la gueule, tout au moins de la secouer comme un prunier. Ezra Miller, dans le rôle de Kevin, est quand même beaucoup plus intéressant.

Ce film, cinématographiquement raté et idéologiquement douteux est à fuir pour tous ceux (et, heureusement, ils sont nombreux !) qui ne l’ont pas vu et à oublier pour les pauvres âmes égarées qui ont eu le malheur de se l’infuser. Mais peut-on oublier une purge !?

PS : Pour les gogols incultes de la distribution : We Need to Talk about Kevin, ça veut dire Nous devons parler de Kevin, titre tout aussi crétin et prétentieux en français qu’en anglais. Comme le film !

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