mercredi 4 novembre 2020

Welcome

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Welcome (2009) de Philippe Lioret

Bilal, jeune Irakien du Kurdistan, arrive à Calais pour gagner Londres où il va retrouver Mina qu’il considère comme sa fiancée. Il pense pouvoir passer en Angleterre sans problème, mais il se retrouve rapidement dans la (tristement célèbre) « Jungle » qui a succédé au centre de Sangate.

Il essaie de passer clandestinement avec d’autres dans un camion, mais, par sa faute, tout le monde est pris.

Il lui vient alors une idée folle, de celle qu’on peut avoir à 17 ans : traverser la Manche à la nage. C’est ainsi qu’il rencontre Simon, ancien champion de natation et maître-nageur.

Simon vient d’être plaqué par sa femme qui fait partie des bénévoles qui nourrissent les « étrangers en situation irrégulière ». Ces bénévoles sont surveillés par la police.

Gustav Mahler avait coutume de dire : « Je suis étranger comme Autrichien en Allemagne, comme natif de Bohème en Autriche et comme juif dans le monde entier. »

Bilal est étranger comme Kurde en Irak, comme Irakien en Europe et comme pauvre dans le monde entier. Lorsqu’il arrive à Calais, il téléphone au frère de Mina pour dire qu’il sera à Londres le lendemain. Rien de plus simple, on prend un billet, on monte dans le bateau et une heure plus tard, on débarque en Angleterre.

Sauf que, pour un mal blanchi, tout se complique. Indésirable en Angleterre, indésirable en France, non admis dans un foyer, qu’est-ce qu’il devient ? Il rappelle cette époque horrible où des personnes se retrouvaient « apatrides ». Celui qui était le grand responsable de tout ça était un ancien député S.F.I.O. ; ça vous rappelle quelqu’un ?

D’ailleurs, c’est précisément l’actuel ministre de la déportation[1] qui a fait parler du film de Lioret et en a fait la publicité. Ce que « cette chose » reproche au film, c’est d’assimiler la chasse aux « irréguliers » à la traque des Juifs de « l’autre » époque.

Lioret retrouve ces zones bizarres qu’on appelle « zone internationale », « zone de transit », qui était le sujet d’un de ses films précédents Tombés du ciel. Ces zones sont aussi des zones de non droits, ce qu’on entrevoyait rapidement dans la comédie Tombés du ciel, mais qu’on voit beaucoup mieux ici puisque nous ne sommes plus du tout dans une comédie.

Ces zones qui sont niées pour des gens qui sont niés, aidés par des bénévoles qui sont niés (jusqu’à ce qu’on les mette en prison au nom de l’article L622-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers en France) sont de véritables poubelles où on entasse ce qui ne sert que de repoussoirs en période électorale au bénéfice de lois scélérates qui rappellent les heures les plus noires et les plus honteuses de notre histoire remises au goût du jour par de sinistres et gluants démagogues au nom d’un discours sécuritaire qui, au bout du compte, ne leur profite même pas au niveau électoral.

On a bien vu, lors des élections récentes que le discours sécuritaire chiasseux et gras du bide ne profite en rien à cette classe politique poujadiste. Tant qu’à faire, lorsqu’on a instillé le poison de la trouille et de la haine à l’électeur, il va voter pour l’original, pas pour une copie qui se voudrait politiquement correct.



[1] Article rédigé en 2009

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