****
Wohin und Zurück 2 – Santa Fe
(Welcome in Vienna 2 – Santa Fé) d’Axel Corti (1985)
Ferry Tobler arrive à New York à bord du Tonka en provenance de Marseille au cours de l’année 1941. Ferry n’a pas de visa comme quelques uns des passagers parmi lesquels il y a madame Marmorek qui a été détenue un temps au camp de Ravensbrück et relâchée (à l’époque où c’était encore possible, avant la guerre).
D’autres, comme le docteur Bauer et sa femme, ou Freddy Wolf ont la chance d’avoir un visa.
Paniquée à l’idée d’être renvoyée en Europe, madame Marmorek tente de s’échapper du bateau et tombe à l’eau. Ferry saute pour la sauver. La jeune femme survivra, mais Ferry se noie.
Freddy Wolf est engagé dans un atelier de confection.
Nous avons laissé Ferry sur le point de se faire renverser par une Mercedes à Marseille (Dieu ne croit plus en nous). Visiblement, il ne s’est fait ni renverser, ni arrêter par… les occupants de la Mercedes, car nous le retrouvons à bord du Tonka, un navire qui vient d’arriver au port de New York.
Mais nous ne verrons pas Ferry très longtemps, car il meurt après un quart d’heure de film. Entre-temps, il a, d’une certaine manière, passé le relais à Freddy Wolf qui sera à présent le héros que nous suivrons jusqu’à la fin du troisième et dernier épisode (Welcome in Vienna).
Pourtant le véritable héros était une seule et même personne, le scénariste Georg S. Troller.
Ce deuxième épisode est celui de la réflexion, contrairement au premier qui, à l’instar de ses personnages, était toujours en mouvement et au troisième où se développent toutes les intrigues de l’après-guerre à Vienne.
C’est l’épisode central, celui des états d’âme des émigrés, de ceux dont on ne veut nulle part.
Ça commence à l’arrivée du bateau à New York, là où sont séparés ceux qui ont le visa et ceux qui ne l’ont pas, ceux qui débarqueront et ceux qui ne débarqueront pas. Ferry, le premier héros ne l’a pas, il meurt. Freddy, lui, a un visa : il débarque.
Et c’est au café Eclair que tout le monde se retrouve : Poper, le photographe, le vieux docteur Bauer et sa femme, Feldheim, le comédien, le docteur Treumann, un poète, et sa fille Lisa, madame Marmorek, l’ex-détenue muette de Ravensbrück et surtout madame Schapiro, la femme qui s’occupe du « comité » qui accueille les immigrés.
Et tous vivent de leurs illusions : Poper qui va attendre une lettre de « Time Life », lettre aussi hypothétique que la carrière hollywoodienne de Feldheim, médicale du docteur Bauer littéraire du docteur Treumann, aussi fausse que l’existence du fils de madame Schapiro.
Ils s’enivrent de ces illusions pour oublier aussi l’Europe, la guerre et le nazisme.
Dans chacun des épisodes, c’est quelqu’un qui a connu ce que les nazis avaient créé de pire, les camps de concentration, qui nous ramènera dans ce « grand Reich » que la fuite, puis l’exil et enfin la victoire pourraient nous faire oublier : Gandhi, évadé de Dachau, madame Marmorek, libérée miraculeusement de Ravensbrück, et Stodola, rescapé de Mauthausen.
Ce qui frappe également, c’est qu’à part le héros, ou plutôt, les deux héros, avatars du jeune Georg Troller, c'est-à-dire Ferry Toller et Freddy Wolf, seul l’Américain non juif (et même antisémite) d’origine allemande, Binder, passera d’un film à l’autre, en l’occurrence du deuxième au troisième.
Car la fatalité fait que les compagnons de route des deux héros de la trilogie devront être abandonné au cours de la narration.
Le noir et blanc, comme dans les épisodes 1 et 3, permet l’insertion de stock-shots documentaires sur le New York des années 40.
Et l’interprétation a rigoureusement les mêmes qualités que dans l’épisode 1, bien que seul Johannes Silberschneider ait « survécu » au film précédent et pour très peu de temps puisqu’il se noie au début de ce deuxième film.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire