samedi 21 novembre 2020

Rosalie Blum

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Rosalie Blum (2015) de Julien Rappeneau

Vincent Machot est coiffeur dans une (toute) petite ville. Il a hérité du salon de son père et l’appartement qu’il occupe, autre héritage de ses parents, se trouve sous celui qui fut le leur, occupé aujourd’hui par sa mère, seule depuis le décès de son père. Sa mère, Simone, est envahissante, empoisonnante, exaspérante, mais il ne sait pas lui dire non.

A la suite d’un caprice de Simone, Vincent se rend dans une autre petite ville voisine et réussit à trouver miraculeusement, un dimanche après-midi, une épicerie ouverte.

Cette épicerie est tenue par une femme seule que Vincent a l’impression de connaître et qui, de ce fait, le fascine.

Il décide de la suivre et de tout savoir sur elle : elle se nomme Rosalie Blum et semble avoir une vie très rangée.

Mais bientôt, il apparaît que ce n’est pas si rangé que ça !

Les scénarios-puzzle, en tout cas quand c’est réussi, donne toujours des films passionnants. Et c’est le cas ici !

Je ne sais pas comment est construite la bd dont le film est l’adaptation, mais ladite adaptation semble presque parfaite.

Seul bémol, l’explication de tout qui sera donnée à Vincent alors que nous, spectateur, avons déjà tout vu. C’est toujours un petit peu lourd et redondant.

Mais réussir à ce point-là à la fois le puzzle et le point de vue multiple, c’est assez remarquable surtout chez un réalisateur dont c’est le premier film. Bien sûr, si Rosalie Blum est la première réalisation de Julien Rappeneau, il est quand même un scénariste aguerri (16 scénarios dont celui de Bon voyage réalisé par son père Jean-Paul).

L’autre qualité, c’est, bien sûr, un casting d’enfer, sans fausse note, depuis les rôles principaux jusqu’aux plus petits seconds rôles.

Philippe Rebbot est le douteux colocataire d’Aude qui passe la quasi-totalité du film à vouloir transformer son chien, un chow chow, en lion effrayant. Comme toujours, il joue l’éternel zozo « à l’ouest » comme personne.

Camille Rutherford et Sara Giraudeau sont Laura et Cécile, les deux copines d’Aude qui, même lorsqu’elles sont dubitatives sur la réussite du plan de la jeune femme, vont la suivre jusqu’au bout et se prendre très au sérieux, tout particulièrement Cécile avec ses pseudos pendant la scène (hilarante) des filatures.

Le personnage le plus charpenté de l’histoire, c’est Simone, la mère de Vincent : encombrante, envahissante, hyper-possessive, inquisitrice et facilement sadique avec son fils soumis. On imagine difficilement quelqu’un d’autre qu’Anémone pour l’incarner.

Alice Isaaz apporte toute sa fraicheur au personnage d’Aude, la nièce de Rosalie, mais aussi sa fille spirituelle. C’est à l’occasion de cette étrange aventure qu’elles vont, non pas se découvrir, mais tout simplement faire connaissance puisque Rosalie est complètement coupée de sa famille pour une raison que nous découvrirons à la fin du film.

Et Rosalie, c’est la grande Noémie Lvovsky, celle qui joue la douceur comme personne : elle réussissait même à être douce en patronne de bordel dans L’Apollonide ou en « directrice de casting » de Marie-Antoinette, madame Campan, dans Les Adieux à la reine. Toujours dans ce registre doux, elle est ici énigmatique, cachant un secret qui, visiblement, la dépasse et qu’elle voudrait sans doute oublier.

Vincent n’imagine pas qu’il y a quelque chose à découvrir lorsqu’il entreprend, par désœuvrement, de suivre Rosalie Blum parce qu’il a l’impression « qu’ils se sont déjà rencontrés », ce qui est vrai… d’une certaine manière. C’est Kyan Kojanchi qui interprète Vincent. On se demande pendant un moment si le rôle n’avait pas été proposé à Vincent Macaigne, car ça lui ressemble un peu. Mais Kyan Kojanchi, comme ses « collègues », joue ça tout en finesse.

Rosalie Blum est un « feel good movie », de ces films qui n’intéressent pas la critique qui, sans vraiment le descendre, semble ne l’apprécier que du bout des lèvres.

Du coup, on a l’impression que pas mal de monde est passé à côté d’un film magique.

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