mercredi 25 novembre 2020

Shutter Island

 

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Shutter Island (2010) de Martin Scorsese

 Teddy Daniels a le mal de mer. Lorsqu’il rejoint son co-équipier Chuck Aude sur le pont du bateau, ils sont pratiquement arrivés à destination, c'est-à-dire Shutter Island.

En 1954, Shutter Island, c’est une île-prison-hôpital psychiatrique. Ceux qui sont enfermés là sont des malades dangereux, majoritairement meurtriers récidivistes, voire meurtriers en série.

L’inspecteur Teddy Daniels a été envoyé par le F.B.I. à Shutter Island pour enquêter sur la disparition d’une malade dangereuse, Rachel Salando, qui s’est mystérieusement évaporée.

Teddy rencontre Cawley, le psychiatre en chef de l’île. Mais le policier a de plus en plus, dans cette ambiance confinée, des réminiscences de deux traumatismes qu’il a subis : la mort accidentelle de son épouse et la découverte des camps de la mort nazis, découverte qu’il a fait lorsqu’il participa à la libération de Dachau.

L’univers de la folie a toujours beaucoup profité au cinéma. Tout d’abord, c’est un bon point pour l’assurance d’un oscar pour l’interprète (enfin, c’est un peu ce qu’on croit, parce que, à part Olivia de Havilland dans La Fosse aux serpents … !).

Ici, c’est autre chose, parce que les « pensionnaires » de Shutter Island ne sont, à priori, que des figurants. On est plus proche de Soudain, l’été dernier où « la folle » n’était pas celle qu’on nous désignait.

Shutter Island nous renvoie encore à un autre film : Shock Corridor de Samuel Fuller qui citait, à la fois Euripide, Sophocle et Sénèque : « Celui que les dieux veulent détruire, d’abord ils le rendent fou ».

Il est assez difficile de parler de Shutter Island, car le moindre mot peut trahir, trahir l’intrigue, trahir les personnages. Teddy a, certes, de gros problèmes : neuf ans auparavant, il a participé à la libération de Dachau. Puis, quelques années plus tard, il a perdu sa femme : un pyromane, Andrew Laeddis, a incendié son immeuble causant ainsi la mort de son épouse.

A priori, on se dit que cette « histoire de fous » aurait eu besoin d’un Coen ou d’un Tim Burton. Et puis, curieusement, on est tout surpris par la belle prestation de Scorsese qui, selon moi, réalise ici un des rares films intelligents sans redondance, sans répétition et sans le clin d’œil putassier qu’il adresse au public d’habitude et qui le fait surtout passer pour un imbécile.

Sa mise en scène ici est intelligente, discrète et au service d’une histoire qui s’avère passionnante et à laquelle on ne croit définitivement qu’à l’extrême fin, très exactement au petit signe que Chuck fait à Cawley.

Et, à partir de ce moment-là, on n’a plus qu’une envie : revoir le film pour voir si « tout se tient ».

Je n’ai pas encore fait l’expérience, mais je pense qu’il aurait peut-être fallu ne pas mettre la scène d’arrivée du début et, peut-être, nous faire revoir à la fin « qui est » la « vraie » Rachel Salando.

Moins impressionnant que dans J. Edgar (où il y a une vraie «re»composition) Leonardo Di Caprio est superbe de justesse de même que Ben Kingsley, Mark Ruffalo, Michelle Williams et Max Von Sydow. Jackie Earl Haley (George Noyce) et Emily Mortimer (Rachel Salando) n’ont qu’une scène chacun, mais une fois qu’on les y a vus, on ne les oublie pas !

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