lundi 31 janvier 2022

Nathalie, agent secret

 

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Nathalie, agent secret (1959) d’Henri Decoin

Un jeune savant vient d’inventer le moteur sans carburant et le secret doit être bien gardé. Mais les scientifiques sont surpris par Nathalie qui avait parié qu’elle pouvait les espionner.

 

Deux vrais espions, un Américain et un Sud-Américain sont sur le coup. Et eux ne plaisantent pas.

Une catastrophe ! On se demande où a bien pu passer le cinéaste inspiré de Battement de cœur, de L’Affaire des poisons ou La Vérité sur Bébé Donge.

Le scénario est mal fichu comme c’est pas permis et les dialogues d’un Henri Jeanson particulièrement peu inspirés n’arrangent rien. Martine Carol est charmante, mais très mal entourée. Seuls les « cuirs » débités par Dany Saval nous tirent quelques vagues sourires. Il n’y a dans tout cela qu’une seule idée neuve, celle de faire chanter à capella les Cinq Pères, une parodie de musique de polar, mais ce postulat est abandonné en cours de route. A part cela, le film est bête, mais roublard : les auteurs de cette chose stupide ne cachent même pas le mépris qu’ils portent à leur public.

One Kiss

 

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Un bacio (One Kiss) d’Ivan Cotroneo (2016)

Blu a la réputation d’être une « pute » depuis que son petit ami l’a piégée avec une sextape qu’il a diffusé sur le net.

Mais elle méprise profondément les autres et leurs insultes.

Antonio, qui n’a pas d’ami, est amoureux de Blu. Antonio est resté traumatisé par la mort de son frère et son fantôme lui apparaît pour lui « donner des conseils ».

C’est alors que débarque Lorenzo. Très exubérant ouvertement homosexuel, il défie les autres et ses provocations le rendent intouchable.

Blu, Antonio et Lorenzo deviennent inséparables.

Mais Lorenzo est amoureux d’Antonio et un jour, il manifeste son « affection ».

Antonio le rejette.

Habituellement, lorsqu’il y a un fantôme qui revient hanter un personnage dans un film, il est bienveillant.

Ici, le frère d’Antonio est particulièrement malveillant : en fait, il tient le discours de « la foule », le discours des homophobes et, bien sûr, on pense très naturellement, que c’est le subconscient d’Antonio qui parle.

Par certains aspects, le film fait preuve de finesse. Mais par d’autres, il a une épaisseur de câble d’amarrage.

Les scènes « musicales », par exemple, sont, comme souvent, particulièrement lourdingues.

En fait, le premier film auquel on pense, c’est, bien évidemment, Les Roseaux sauvages d’André Téchiné. Mais c’est tout de même beaucoup moins intelligent. De plus, le film de Téchiné, réalisé dans les années 90 se situait dans les années 50, pendant la guerre d’Algérie.

One Kiss est un film de 2016 situé en 2016. Et nous avons droit à tous les oripeaux de la mode et des mœurs actuelles : Lady Gaga, les réseaux sociaux et le harcèlement qui va avec…

Ivan Cotroneo adapte avec Monica Rametta son propre roman. Le problème vient peut-être de là.

Et même si ce film-mode traite d’un sujet profond, il reste un film-mode. C’est bien dommage, car il a certains atouts comme cette « séquence alternative » en guise de finale.

Je ne soulignerai même pas le « titre français » à la con sans doute pondu par quelque bobo au QI de pince à linge !