jeudi 7 octobre 2021

L’Invasion des profanateurs de sépultures

 

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The Invasion of the Body Snatchers (L’Invasion des profanateurs de sépultures)

de Don Siegel (1956)

De retour dans sa petite ville de Santa Mira aux environs de San Francisco, le docteur Miles Bennell affronte une étrange « épidémie psychique ». Certaines personnes se plaignent de ne pas reconnaître leurs proches : ils n’ont pas changé physiquement, mais ils sont devenus froids, comme privés de sentiments.

Mais petit à petit, plus personne ne se plaint et tout semble rentrer dans l’ordre ; en fait, la ville est entièrement contaminée. Seuls restent « normaux » Miles, son ex-fiancée Becky, Jack et Teddy Belicec, leurs amis qui vont essayer de trouver de l’aide à l’extérieur, mais ils sont surveillés en permanence.

Ils s’aperçoivent que de grosses cosses prennent la personnalité des humains pendant leur sommeil. Et on ne peut pas vivre sans dormir.

10 mai 1997

Devenu film-culte, cette première adaptation du roman de Jack Finney peut s’enorgueillir, en France, du record d’imbécillité dans le choix du titre français : l’invasion des « attrapeurs » de corps y devient celle des « profanateurs de sépultures ».

Siegel voulait intituler son film « Ne dormez plus ! », titre grandiloquent que les producteurs firent bien, pour une fois, de refuser.

Le film mit onze ans à traverser l’Atlantique et la critique française fut unanimement élogieuse.

Tourné en dix jours en pleine période de « démaccartysation », le film est souvent apprécié, selon que l’on se trouve à droite ou à gauche, comme une allégorie de la lutte anticommuniste ou antifasciste.

Beaucoup plus simplement, il s’attaque à toutes les dictatures qui s’imposent sans qu’on s’en rende compte, « pendant le sommeil ». Tourné dans un noir et blanc impeccable, très contrasté, et en scope, le film est d’une facture irréprochable, très classique pendant la première demi-heure, beaucoup plus sophistiquée au fur et à mesure qu’on avance dans l’histoire et que les ennemis deviennent plus nombreux.

Et c’est à juste titre qu’il est toujours lancé comme contre-exemple aux adeptes inconditionnels des effets spéciaux et aux maniaques du maquillage « gore » qui sera toujours beaucoup moins effrayant qu’un monstre caché sous un visage familier. C’est, de l’aveu même de Don Siegel, ce qui l’intéressait dans le sujet.

*** 30 octobre 2021                                                                                   

Bien évidemment, les goûts changent et en 24 ans le film a perdu une étoile. Mais il lui en reste 3, ce qui n’est pas si mal !

4 étoiles, c’est la perfection dans mon système de notation : au-dessus, il n’y a que la médaille et ça, c’est réservé aux grands coups de cœur.

A la revoyure, le film accuse une petite baisse de régime : quelques longueurs inutiles et surtout, surtout, un discours pompeux et très anticommuniste, principalement dans la scène au cours de laquelle Miles et Becky se retrouvent coincés au dispensaire de Miles.

Car pour répondre à mes propres propos de 1997, j’ai ressenti cette fois plus « d’anticommunisme » qu’une simple « défense de la Démocratie ».

Il faut dire que Richard Collins, co-scénariste avec Daniel Mainwaring, fut, comme tous ceux qui avaient « flirté » avec le communisme dans les années trente et quarante, inquiété par la H.C.U.A.[1] au sein de laquelle, pour se dédouaner, il dénoncera une vingtaine de personnalités.

On pourrait donc considérer le prêchi-prêcha « anti-coco » comme une preuve d’allégeance.



[1] House Committee on Un-American Activities

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