jeudi 7 octobre 2021

L’Invasion des profanateurs

 

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The Invasion of the Body Snatchers (L’Invasion des profanateurs)

de Philipp Kaufman (1978)

Des particules dérivant dans l’espace viennent se poser un peu partout dans les parcs de San Francisco. Et les passants cueillent ces ravissantes petites fleurs rouges. Elizabeth Driscoll, qui travaille au service de l’hygiène de la ville en soumet une à la réflexion de son collègue et ami de Matthew Bennell : ils en viennent tous deux à la conclusion que cette fleur est d’origine parfaitement (et curieusement) inconnue.

Et c’est à ce moment que plusieurs personnes se plaignent de ne plus reconnaître certains de leurs proches, à les trouver froids, émotionnellement « morts ».

Le psychiatre Kibner, ami de Matthew, a beau parler de psychose collective, celui-ci sent immédiatement quelque chose de plus grave : en fait, les petites fleurs deviennent de grandes « cosses » qui prennent possession du corps et de la personnalité des humains pendant leur sommeil et se substituent à eux. Il ne reste plus alors qu’à jeter les restes de l’humain à la poubelle.

Pour Elizabeth et un couple d’amis, Jack et Nancy Belicec, Matthew va lutter contre cette invasion qui, à présent, touche toute la ville de San Francisco.

25 août 1997

Un peu plus sophistiqué que son prédécesseur (celui de Siegel), le film de Kaufman souffre de quelques longueurs. Du coup, il perd en rythme ce que son scénario lui faisait gagner en justesse, par rapport au film de Siegel auquel il rend hommage en donnant à celui-ci le rôle d’un chauffeur de taxi alors que Kevin Mac Carthy campe un personnage assez furtif (mais important !) qui pourrait bien être le Miles Bennell de la première version.

Donald Sutherland, lui, est un « Matthew » Bennell, plus froid que son prédécesseur, plus « scientifique ». Jeff Goldlum et Veronica Cartwright sont, eux aussi, assez différents de King Donovan et Carolyn Jones, leurs prédécesseurs dans les rôles de Jack et Teddy (ou Nancy) Belicec. Becky Driscoll (Dana Wynter), ex-fiancée de Miles, est devenue Elizabeth Driscoll (Brooke Addams), collègue de Matthew : le personnage gagne à ce changement de statut et d’interprète. Le rôle du docteur Kaufman (coïncidence !), interprété par Larry Gates chez Siegel, s’étoffe chez Kaufman en docteur Kibner, interprété par « Dr Spock », Leonard Nimoy.

Kaufman a repris du roman le cri poussé par les créatures, hurlement « inhumain » et seul signe distinctif des « créatures », que Siegel n’avait pas retenu et qui donne, ici, une note « extra-terrestre » assez effrayante.

Mais l’énorme changement par rapport à la première version, c’est que Santa Mira, toute petite ville des environs de San Francisco devient San Francisco même, ce qui fait du film de Kaufman autant une suite qu’un remake du film de Siegel dont on pourrait penser, rétrospectivement, qu’il ne se terminait pas aussi bien qu’on aurait pu le croire.

5 novembre 2021

Contrairement au 1er film, celui de Siegel, il n’est plus question de maccarthysme, donc, plus de « prêchi-prêcha anti-coco » : l’anticommunisme laisse la place à l’écologie dont, en 1978, on parlait beaucoup moins qu’aujourd’hui (avec beaucoup moins d’urgence, il est vrai !).

Le déclassement (très relatif) que j’ai opéré sur la version « historique »[1] de Siegel fait quelque peu « remonter » la version de Kaufman qui, de ce fait, pourrait bien être la meilleure.

N’oublions pas que les deux films et les deux remake qui ont suivi[2] sont tous l’adaptation d’un roman très bête et très lourd de Jack Finney, une « œuvre » de troisième ordre…

… et qui, je dois le dire, m’est tombé des mains.



[1] et considérée par les critiques « institutionnels » comme version de référence et la meilleure.

[2] Body Snatchers (1993) d’Abel Ferrara et Invasion (2007) d’Olivier Hirschbiegel

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